Le film testamentaire d’Aldrich est aussi l’un de ses meilleurs. Lui qui au fil de sa filmographie se laissait gagner par la misanthropie, il se fait ici plus humain et bienveillant dans le regard qu’ils porte sur ces loser magnifiques. « All the marbles » est à la fois un film de sport, une chronique sociale et un road movie. Cette balade prend pour cadre l’Amérique du nord, celle un peu grise des usines et du chômage. C’est pour échapper à cette misère sociale que nos deux héroïnes et leur coach (Peter Falk dans un de ses meilleurs rôles) on choisit le catch féminin, une discipline peu portée à l’écran et souvent dépréciée, Aldrich lui ne prend jamais son sujet de haut. Nos deux catcheuses enchaînent contrats minables, déceptions en humiliations sans jamais perdre la flamme, même lors d’un combat de catch dans la boue devant un public de beaufs arriérés, scène dans laquelle le cinéaste retrouve toute sa misanthropie. Malgré tout Aldrich leur offre un baroud d’honneur lors de l’hallucinante scène finale. Combat dantesque et mise en scène royale filmés avec le sens de la violence et du spectacle chers à l’auteur des « 12 salopards ». Un grand moment de cinéma sportif qui vous colle au siège et qui n’a rien à envier à Rocky.