Après avoir essuyé deux jolis échecs (Chobizenesse et Je te tiens, tu me tiens par la barbichette), l'acteur-réalisateur-humoriste Jean Yanne revient sur le devant de la scène en 1982 avec une grande épopée française rarement vue au cinéma, une parodie cynique et enjouée de Ben-Hur et des Dix Commandements qui aura un succès phénoménal. Jean Yanne se dote donc d'un budget important et de décors colossaux pour mettre en scène cette gigantesque farce peuplée d'anachronismes subtils, de références multiples et de gags à mourir de rire.
Emmené principalement par un Coluche jovial et un Michel Serrault maniéré (reprenant quasiment son rôle de Zaza de La "Cage aux Folles"), campant un César gay plus préoccupé par son bien-être que par les problèmes du peuple, le long-métrage met en scène une peuplade de personnages hilarants comme Michel Auclair en consul débordé par les frasques de César et de sa femme (excellente Françoise Fabian), Darry Cowl en conseiller avisé ou encore le génial Paul Préboist qui déploie son accent marseillais à merveille pour son rôle inoubliable de gardien de prison mélancolique.
Le scénario mélange faits historiques et problèmes actuels (chômage, exploitations des travailleurs, mode, etc...) avec brio et malice comme seul Jean Yanne arrive à faire. Costumes, décors et accessoires sont également de qualité afin d'assister à un long-métrage imposant et non à un nanar quelconque des années 80. Anachronismes sur chaque plan, quiproquos à foison et scènes cultes se bousculent au portillon comme le fameux mal-entendement entre Ben-Hur Marcel et César, l'un devant assassiner l'autre et ce dernier croyant à une drague homosexuelle. Une heure trente de bonne humeur et de gags tordants font de Deux heures moins le quart avant Jésus Christ une des comédies françaises les plus mémorables des années 80.