Le truc cool, c'est que le film de Jean Yanne est déjà drôle avant d'avoir commencé : Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, ça c'est du titre ! Le titre bien trouvé de cette parodie franchouillarde de Ben Hur...
Au sein d'une colonie romaine nord-africaine, Rahatlocum (j'ai copié le synopsis de SC parce que c'est pas évident dans le film), où dans les bars les clients matent les infos télévisées et s'abreuvent de pressions coulant depuis des amphores suspendues, et où les chars arborent fièrement logos commerciaux et policiers, le garagiste président de l'union des commerçants - Ben Hur Marcel (Coluche) - et ses représentés, commencent à gronder contre l'ouverture imminente d'un supermarché. Le consul local quant à lui s'apprête à recevoir Jules César, puis Cléopâtre, afin de lui faire profiter du soleil de la région et de faire un peu de politique. Mais un complot s'agite en coulisses...
Jouer des clichés, des anachronismes, des revendications sociales du petit peuple, de la surconsommation et de la publicité (celle de Camel m'a bien fait rire), mais aussi des célébrités des deux époques, comme profiter du talent de Michel Serrault, voilà le menu rock de ce classique de la comédie populaire intelligente. Et si je cite en particulier Michel Serrault, c'est que son interprétation de César vaut à elle seule que l'on s'y attarde : à l'image de son rôle dans La Cage aux Folles, celui-ci incarne un César totalement maniéré, totalement gay et assumé, et franchement, vu l'aura historique du personnage, c'est assez jouissif - si je peux m'exprimer ainsi... Sa garde rapprochée prenant les traits de deux ersatz de Freddy Mercury, les fameuses catacombes et la rencontre, puis le quiproquo, avec Ben Hur Marcel, dont ce monologue culte où l'empereur déplore la laideur de l'homme et, plus tard, sa manière de jouer au ping-pong : le gars nous régale.
Coluche - son petit gros - se fait donc voler la vedette, même s'il s'en sort assez bien. Paul Preboist et son lion Lucien, comme Dary Cowl en conseiller du consul, parviennent quant à eux à sortir du lot. En revanche, le consul et Cléopâtre, bof bof... Il y a aussi quelques lourdeurs et on sourit plus qu'on ne rit, mais globalement, la comédie de Jean Yanne se revoit toujours avec un certain plaisir. Et la petite vanne finale boucle très bien la boucle entamée par le titre. Les cons.