Pour son premier film, le Japonais Junta Yamaguchi s'attaque à l'intrigue temporelle. C'est osé, surtout qu'il a l'intention de mettre le concept en abyme. Du haut de ses 1h10, le long-métrage pose rapidement son contexte (un homme se retrouve en visio face à lui-même, 2 minutes plus tard) et enchaîne les péripéties ingénieuses et amusantes devant ces deux écrans. On revoit donc les mêmes scènes, de deux perspectives, d'autant plus que le film est monté comme un plan-séquence, arrivant sur la captation en temps réel de ce qui était à l'écran plus tôt. Mais ce n'est pas tout ; lorsque la bande d'amis essaie de manipuler le temps, ils se mettent dans des situations burlesques, jusqu'à créer une boucle corécursive qui n'en finit pas de nouer les méninges du spectateur. Les thèmes de destiné et paradoxes sont également tournés en dérision dans ce petit projet low-budget, mais qui ne manque pas de malice. Effectivement, c'est probablement filmé au smartphone, sur deux lieux seulement, avec une photo numérique telle quelle. Toutefois, la caméra bouge bien entre les acteurs et autour de la pièce, en parvenant à garder l'ensemble dynamique. Yamaguchi bluffe également dans le suivi narratif et la réciprocité des scènes en temps presque réel.