Dans sa Bulle
S'il y a bien une constante dans les thématiques du cinéma de Cédric Klapisch, c'est de mettre en scène le passage à l'âge adulte, avec une légèreté pouvant cacher des aspects plus graves, ainsi que...
le 25 sept. 2019
42 j'aime
2
Klapisch est un cinéaste inepte, et la grande majorité de ses films sont incroyablement surestimés. D'ailleurs je ne crois pas avoir jamais "aimé" plus de 5 minutes de son cinéma, qui mélange confusément "légèreté" et "inconsistance". Et puis Klapisch a quand même "révélé" le pire acteur français de sa génération, l'imbuvable Romain Duris à la filmographie littéralement radioactive : rien que pour ça, il mérite d'être banni des encyclopédies sur le cinéma. En cherchant bien, je ne trouve qu'une seule chose positive à dire sur Klapisch, il aime les chats, et il en a encore mis un dans "Deux moi", son dernier objet filmé...
... Que paradoxalement, j'aurais dû mépriser comme le reste de son cinéma décérébré et émasculé. Sauf que non, en fait. Bon, il y a comme toujours un redoutable manque de structure, de conviction et de talent tout court, qui empêche de tirer quoi que ce soit de consistant d'un point de départ facile mais valide : l'extrême solitude du célibataire parisien au milieu des illusions modernes (ubérisation du travail, virtualisation des rapports humains). Il y a en plus la pàlichonne Ana Girardot, transparente à force d'absence complète de personnalité, digne rejeton de son ectoplasme de père : elle oblitère par son manque criant de substance 50% des scènes du film, quand même. Heureusement, Civil fait toujours parfaitement le job, en sauvant les autres 50%, et fait même déjà pencher la balance du bon côté.
Mais ce qui a emporté le morceau pour moi, ce n'est pas seulement le jeu presque lubitschien avec les rencontres manquées et l'amour éternellement différé - une excellente idée, en effet ! -, c'est exactement ce qui a fait "sortir du film" les amateurs de Klapisch : l'ultime recours aux vieux ressorts de la psychologie, permettant aux deux "moi", avec l'aide de deux professionnels (Berléand, impec comme toujours, Cottin, moins crédible quand même...), d'espérer devenir un "Nous". Au delà des clichés, j'ai apprécié une lecture très simple et très saine du boulot du psychothérapeute, qui confère enfin un ancrage tangible à un film par trop délétère (je pense pr exemple à l'affreuse "améliepoulanisation" des scènes de l'épicerie du quartier...). Du coup, j'ai marché dans un film qui délaisse finalement la superficialité de la condamnation de la modernité pour reconnaître le poids disproportionné de nos traumas dans nos vies.
C'est surprenant de justesse.
PS : le fait que j'ai vu le film avec ma femme, psy, n'est peut-être pas innocent, non plus...
[Critique écrite en 2019]
Créée
le 13 sept. 2019
Critique lue 1.3K fois
28 j'aime
19 commentaires
D'autres avis sur Deux moi
S'il y a bien une constante dans les thématiques du cinéma de Cédric Klapisch, c'est de mettre en scène le passage à l'âge adulte, avec une légèreté pouvant cacher des aspects plus graves, ainsi que...
le 25 sept. 2019
42 j'aime
2
Klapisch est un cinéaste inepte, et la grande majorité de ses films sont incroyablement surestimés. D'ailleurs je ne crois pas avoir jamais "aimé" plus de 5 minutes de son cinéma, qui mélange...
Par
le 13 sept. 2019
28 j'aime
19
D’un côté il y a Mélanie, la trentaine monotone, chercheuse en immunologie cancéreuse. De l’autre (enfin juste à côté, dans l’immeuble collé au sien), il y a Rémy, la trentaine lui aussi, provincial...
Par
le 12 sept. 2019
28 j'aime
1
Du même critique
Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...
Par
le 29 nov. 2019
205 j'aime
152
Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...
Par
le 15 janv. 2020
192 j'aime
118
Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...
Par
le 15 sept. 2020
190 j'aime
25