---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au huitième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Franky_goes_to_Hollywood/2022160
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


Tendre âme sœur,
C’est tardif dans le mois mais c’est arrivé : j’ai manqué à mon devoir hier de regarder un nouveau film de Frankenstein. C’est triste mais c’est comme ça, tous les ans je rédige une liste bien plus épaisse que ce que je me sais capable d’ingérer… Ma meute avait besoin de moi hier, ces idiots de la meute de Paris on commencé à se rendre compte de notre existence, et certains sont venus nous défier, sous prétexte que nous aurions empiété sur leur territoire de chasse. Foutaises, tu t’en doutes, n’empêche qu’il a fallut botter les fesses de ces impertinents. Bien sur ils nous avaient sous-estimé, et les renvoyer la queue entre les jambes a été simple, mais je reste sur mes gardes désormais, je sais qu’ils reviendront, en nombre cette fois.
c’est donc tendu et un peu exaspérée que j’ai lancé le film de ce soir. Je t’en avais parlé, je m’en méfiais, de ce moment ou Universal Monsters voudrait faire de l’humour -volontairement-, et j’ai bien fait… Partiellement. Deux nigauds contre Frankenstein m’a laissé un avis mitigé.
Pour la troisième fois consécutive, je retrouvais ce soir à nouveau le loup-garou hanter mon film de Frankenstein quotidien. Toujours déçu de sa condition, mon cher Lon Chaney reprend dans l’opus de ce soir du poil de la bête, s’alliant contre une terrible manigance à base de Dracula manipulateur souhaitant faire de la créature de Frankenstein son larbin. La créature, après s’être tu, puis avoir appris à parler, puis désappris puis re-appris puis re-désappris, ce soir re-sait parler, mais succinctement : son vocabulaire se résume à deux mots : « oui » et « maître ». Hormis cela, c’est un toutou docile qui reste dans un état végétal une bonne partie du film. Cela commence à devenir une habitude chez Universal et ça ne va pas. J’ai l’impression que la créature qui a fait la gloire de leurs beaux jours les encombre désormais plus qu’autre chose. Se sentant forcés de la ré-injecter dans chaque nouvelle production comme un trèfle à quatre feuilles, ils se révèlent bien incapable de renouveler le personnage, et se résigne donc à le laisser dans un coin, comme un trophée passé prenant désormais la poussière sous une vitrine.
Le casting des bons vieux jours répond présent, ne manque que Boris Karloff sous le masque de la créature de Frankenstein, pour le reste tout est parfait : Lon Chaney en gros nounours triste, Bela Lugosi en suceur de sang encappé, et même Vincent Price en homme-invisible... (mais le rôle bien sur t'apprendra que je n'ai eu le plaisir de son beau visage...)
Ce qui est moins parfait, c’est ce qui pourtant était le but principal de ce film : le rire. Alors tout n’est pas noir, certes, j’ai ri. Trois fois, dont une était encore une fois à l’insu de ces pauvres effets spéciaux dont je me moque si souvent. J’en suis presque désolée, car je vois bien tous les efforts déployés : la transformation du lycanthrope, loin d’être parfaite, s’est tellement améliorée depuis les premiers jours que je passe à travers tous les défauts qui lui restent encore. Mais je suis désolée, cette chauve-souris suspendue à un élastique, et cette transformation papier-découpé du vampire est tellement ridicule qu’elle me déclenche l’hilarité à chaque film sans faute. Bon. Reste deux occasions auxquelles j’ai ri quand j’y étais invitée. Pour un film d’humour c’est peu, et si j’étais venu pour ça exclusivement, j’aurais mieux fait de revoir La Tour Montparnasse Infernale… Mais ma réelle déception vient du fait que la plupart des gags qui marchent bien auraient tout a fait pu avoir lieu dans un film burlesque classique avec, par exemple, les Marx Brothers (par exemple, hein…). En est la preuve ce très amusant gag sur le syndicat en début de film : très drôle mais franchement à des années-lumière de nos monstres préférés. Pour le reste et mis à part ce gag avec Dracula qui fut donc le troisième moment où j’ai sorti les crocs, et bien j’ai comme l’impression que la sauce ne prend pas. Encore hésitant sur la forme qu’il doit prendre, le film est tiraillé entre ses deux pôles, ne sachant pas s’il doit retourner du coté horrifique ou bel et bien basculer dans l’humour. En résulte un hybride laid dont les deux pôles s’anéantissent mutuellement : ce n’est pas drôle parce que ça fait quand même un peu peur, et ça ne fait pas peur parce que quand même, c’est un peu drôle. Les personnages des monstres se travestissent pour tenter de rentrer dans un moule comique, ce pour quoi ils ne sont pas du tout designés. Et cela leur ôte tout le charisme magnétique qui faisait leur gloire dans leurs films éponymes. Quand aux deux acteurs humoristes, eux aussi sont dégonflés de toutes leurs capacités burlesques, régulièrement mises en retrait car inappropriées à des scènes à l’essence effrayante. Quand un gag émerge finalement de cette contradiction, mise en scène et scénario s’allient alors pour le faire durer le plus longtemps possible, ne sachant pas quand une telle occasion se présentera de nouveau. Et forcément, une plaisanterie qui dure en longueur fini par ne plus être plaisante du tout.
C’est donc déçue mais amusée tout de même par ces trois derniers films que je quitte Universal Monsters. J’ai un goût amer dans la bouche car ces mois-monstres ne sont pas vraiment sensés m’amuser, et lorsque c’est au détriment du monstres à l’honneur encore plus. Cette fois pour couronner le tout, la créature de Frankenstein a entraîné dans sa déchéance le lycanthrope, et ça ne m’en rend que plus douce-amer. Mais je dois laisser tout ça derrière moi. Entre mon enquête qui stagne, ma meute en danger, toi qui ne répond pas et la Hammer à venir, je n’ai vraiment pas le temps de pleurer sur les restes d’Universal Monsters, aussi nombreuses soient leurs défaites, et plus nombreuses encore leurs victoires.
Je n’en peux plus de t’attendre,
H.
Zalya
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le 11 nov. 2018

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Zalya

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