Découvert dans la foulée des cinq films Astérix en prises de vues réelles (t’as vu comme je parle bien).
Et croyez-le ou non, ce téléfilm est meilleur que quatre de ces cinq Astérix (je ne vous fais pas l’offense de préciser lequel fait exception). Alors, certes, on ne suit pas ici nos deux fameux Gaulois (j’ai nommé Astérix et Obélix) mais – le titre annonçait la couleur – deux légionnaires inconnus au bataillon (Ticketbus et Prospectus)… mais qu’importe : sur le fond, ce téléfilm est déjà du tonneau dont seront bientôt ses cinq successeurs, à savoir une succession de sketchs et de numéros chantés/dansés, carburant à un humour essentiellement bâti sur des jeux de mots, astuces et anachronismes bon enfant. Alors quoi ? Eh bien, contre toute attente, la recette fonctionne bien mieux ici – les répliques sont globalement plus inspirées et les acteurs plus dans le ton – et l’on a en conséquence pas l’envie devant ces Deux Romains en Gaule de se fracasser le crâne contre un menhir jusqu’à ce que mort s’ensuive, comme c’est hélas trop souvent le cas devant les navets XXL qui l’auront suivi. Le téléfilm a en outre l’intelligence de s’en tenir à seulement tenter de nous faire rire plutôt que de s’essayer lamentablement à l’épique (genre Zlatan qui défonce des ennemis au ralenti sur un champ de bataille – au pif) ou même à quoi que ce soit d’autre ; et a accessoirement l’élégance de ne durer qu’une heure montre en main (et pas deux comme la chiasse de Langmann). Et en cela, il s’avère un projet bien plus sympathique que lesdits navets XXL.
Alors les esprits taquins ne manqueront pas de relever que le film introduit déjà cette – bientôt détestable – habitude du défilé de caméos… et ils marqueront un point…
… sauf qu’ici les caméos ne s’appellent pas Angèle, McFly ou Carlito, mais René Goscinny, Albert Uderzo et Lino Ventura… Je ne développe pas…
Bref : n’allez surtout pas croire que j’essaie ici de réhabiliter cet obscur téléfilm – que vous pouvez sereinement ignorer encore quelques décennies –, ni même de tirer sur l’ambulance (le film de Canet actuellement en salles, à propos duquel tout a déjà été dit) ; je me contente en réalité de constater simplement, froidement, cliniquement même, qu’il y a soixante ans, ce programme trouvait sa juste place : la télévision.
Une poignée de décennies plus tard, les téléfilms Astérix coûtent désormais 70 millions d’euros et sortent sur plusieurs centaines de grands écrans.
Nos ancêtres l’ont craint, c’est finalement arrivé : le ciel nous est tombé sur la tête.