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S'il y a bien une chose qui frappe dans "Deux sous d'espoir", c'est le réalisme qui se dégage des taudis dans lesquels vivent les personnages de cette comédie italienne. Quand le fils revient du service militaire et retrouve sa famille, sa mère édentée et ses sœurs démunies, c'est comme si la poussière du sol et la crasse des murs emplissaient nos narines. Il n'y a pas l'ombre d'un doute, avec de tels personnages et de tels lieux qui respirent l'authenticité, Renato Castellani est bien allé tourner son film dans les endroits qu'il entendait décrire. L'Italie d'après-guerre, sa pauvreté qui oscille autour de la misère, son dénuement (nourriture et travail, principalement) le plus total, et toutes les privations que cette situation peut engendrer.


Et pourtant, l'angle n'est pas celui du drame social mais plutôt celui de la comédie. En se focalisant sur la relation amoureuse et tumultueuse qui unit Antonio à Carmela, le premier exploité par sa propre famille jusqu'à la dernière lire et la dernière goutte de sueur, la seconde fille d'un artificier autoritaire et intransigeant, "Deux sous d'espoir" donne au cinéma néoréaliste une certaine couleur, d'où l'appellation "néoréalisme rose" parfois utilisée pour ce film. "Rose", tout de même, il ne faudrait pas exagérer... La pauvreté et la débrouille sont partout, le chômage de masse gangrène la société et attise les rancœurs au sein de cette immense classe pauvre, mais le ton global ne cède jamais au misérabilisme. Son fatalisme est toujours équilibré par une forme d'optimisme étonnante (et potentiellement gênante, il faut aimer). La légèreté avec laquelle sont traités ces thèmes relativement durs contraste avec la vitesse de l'action, comme si tout le village était pris dans un tourbillon interminables d'activités aussi nombreuses que variées. L'absence radicale de pathos peut s'avérer déroutante pour qui s'aventure en ces terres en les imaginant proches du réalisme purement social, mais le rejet pur des éléments dramatiques renforce quelque part sa dimension presque documentaire, en immersion dans la fange. Il y a des dents manquantes, des habits déchirés, et des murs plein de suie qu'on imagine mal relever entièrement de la fiction.


[AB #178]

Créée

le 28 déc. 2016

Critique lue 463 fois

Morrinson

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