Malgré ses faiblesses énormes dans presque tous les domaines, Devil Hunters s'apprécie avec une dose de sympathie inhérente à tout bon "Women with big balls in their pants", un peu comme avec un bon vieux Seagal ou Schwarzy des familles. Sauf que là, on est à HK, ce qui change notoirement tout. En ces temps d'actioner fin 80's faits à la chaîne, les distributrices de roustes s'appellent Moon Lee et Sibelle Hu entre autres, les "Deadly China Dolls" comme on les surnommera, accompagnées de bons gros bastonneurs tels que Ken Lo ou Chan Wai Man et d'un bon méchant psycho tel que Francis Ng. Le niveau intellectuel de l'ensemble est inférieur ou égal au néant, la photo semble sortir directement d'une VHS turque, la qualité du support est infâme tout comme les sous-titres blanc sur blanc omniprésents. Pas grave, le scénario tient sur un Malabar et rien ne vient empêcher le plus important : qu'il n'était pas bon être cascadeur en ces temps là.
Que ce soit les hommes balancés dans les coins bien pointus d'une table, d'un stand de glace ou d'une cage d'escalier, ou les femmes exactement logées à la même enseigne, l'action est là, légèrement plus accélérée encore que la moyenne HK, et les morceaux de bravoure des cascadeurs valent toutes les louanges. Sans eux et sans cette action nerveuse et bien troussée, le film ne vaudrait rien, si ce n'est une petite performance de Francis Ng en bad guy. Traitement de faveur bonus pour les femmes, l'une d'elle a le droit d'être malmenée, le mot est faible, et de se faire recouvrir d'insectes dans le plus simple appareil par la même occasion. Pas sure qu'elle ait eu un meilleur cachet pour ça (... Sympa). Bref, l'ambiance se veut très sérieuse mais l'œil bisseux ne pourra s'empêcher de pouffer comme dans un Seagal et autre Schwarzy des familles, la célébrité internationale en moins (tant mieux) et une folie supplémentaire en plus (tant mieux aussi) .
Petit bémol en ce qui me concerne, les guns. Il y a de bons moments comme l'attaque d'intro dans une fête foraine qui sera bien pompée dans le Sudden death de Van Damme, Ray Lui qui tire au lance grenades, Chan Wai Man qui vient sauver son boss ou la tuerie finale, des scènes bien excessives. Mais l'action ne vaut vraiment le coup que quand tout ce beau monde se jette dessus et en vient aux poings et aux kicks. La réalisation des gunfights en eux-même reste loin d'une quelconque grâce de mise en scène. Le plus souvent une meute canarde joyeusement avec un air très méchant alors qu'en face, une autre bande bien plus restreinte canarde joyeusement avec un air très déterminé, tellement déterminé que les très méchants pleuvent forcément par dizaine avant qu'un seul gentil ne soit blessé. Par contre, quand on en arrive aux poings, kicks et autre sauts de malade, toute la maîtrise HK se fait sentir et ç'est rudement bon.
Et puis Devil Hunters, ç'est aussi une explosion finale légendaire où l'artificier enclenche le détonateur bien trop tôt alors que Ray lui, Sibelle Hu et Moon Lee exécutent eux-même la cascade et sautent par la fenêtre. Résultat, hôpital direct pour l'héroïne, côtes, dos et cou cassés, brûlures graves, ... Le film s'arrête net sur cette explosion et le réalisateur en profite pour montrer la scène sous toutes les coutures et exposer les revues de presse de cet accident, véritable fierté du film où les trois préposés au saut ont failli y rester pour de bon, en particulier Sibelle Hu qui n'a pas encore passé le pas de la fenêtre alors même que l'explosion est déclenchée. Ils sont fous ces HongKongais.
Malgré toute cette adrénaline dispensée, l'ennui s'installe confortablement avec chaque attente du prochain massacre. Devil Hunters à l'avantage d'être assez touffu en action mais le deuxième vcd est le seul qui vaille vraiment le détour (excepté la scène d'intro dans la fête forraine) et le tout ne vaut pour ainsi dire que pour quelques grosses scènes cultes, au moins 5 tout de même, dont l'intro et le final bien balèze. La télécommande s'impose...