Tu peux pas me dheepaner de 5 euros ?

Récompensé de la palme d'or lors du dernier festival de Cannes, le nouveau grand film du non moins grand Jacques Audiard mérite amplement son trophée, cela fait maintenant cinq films que je vois du monsieur, et il est clair qu'un jour il devait recevoir cette récompense.


Dheepan nous fait suivre une famille recomposée rejoignant la France pour fuir la guerre civile, mais dans la banlieue où ils sont envoyés, le voisinage n'est pas vraiment du genre à prendre le thé. En effet, le cité est envahie de jeunes voyous qu'il ne vaut mieux pas chercher, le truc c'est que Dheepan qui n'est pas son vrai nom avait prit part à la guerre civile dans son pays, le Sri Lanka, ayant perdu sa femme et ses deux enfants là bas, il est bien décidé ici à protéger sa nouvelle fausse famille.
Audiard toujours au plus près de ses personnages nous plonge avec un réalisme bluffant, comme à son habitude, au sein de cette famille qui n'est qu'un leurre, ils ne se connaissent pas et doivent s'efforcer de vivre normalement dans ce pays dont ils ne connaissent même pas la langue. Une histoire passionnante parfaitement mise en scène, au vu du réalisateur ce n'est pas illogique, la réalisation est encore une fois bluffante, ces cadres simples et esthétiquement réussis, tout comme la photographie sublime. Même si ça ne joue pas vraiment dans la même cour, l'affiche est également magnifique, j'adore les couleurs un peu ternes qui ressortent si bien. Coté casting, le trio qui porte l'histoire est constitué simplement de trois amateurs qui ne parlent même pas français, ce qui a du compliquer le tournage, mais quand on voit le résultat bon sang. Antonythasan Jesuthasan (qui a d'ailleurs vraiment prit part aux Tigres tamoul dans sa jeunesse avant de venir se réfugier en France), Kalieaswari Srinivasan et Claudine Vinasithamby sont d'une justesse renversante, complètement bluffé.


J'entendais parler de violence vers la fin du film, limite excessive, et je trouve au contraire qu'Audiard ne joue absolument pas sur l'abus, on doit avoir même pas dix minutes de violence dans le film. Un moment intense d'ailleurs où le personnage de Dheepan retrouve son instinct guerrier et décide de se venger des meurtriers de sa famille en transférant ainsi sa haine sur ces banlieusards minables.
Le film s'attarde donc bien plus sur la nouvelle vie de ces trois êtres ne voulant qu'une simple et honnête place dans ce pays, entre Dheepan qui s'occupe du gardiennage et du ménage, Yalini qui se charge d'un habitant malade et la petite Illayaal qui passe son temps à apprendre le français et aller à l'école pour mieux s’intégrer, tout aurait pu être parfait, mais l'environnement...


En bref, un très grand Jacques Audiard, encore une fois, épatant au niveau technique, tout comme au niveau scénario, jamais excessif, toujours réaliste, la bande son de son coté est également un gros point fort, véritable réussite.

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le 17 sept. 2015

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