Un fauve en cage.

Alain Delon joue un homme d'affaires qui est devenu amnésique à la suite d'un accident de voiture. Revenu dans sa luxueuse propriété, il est accompagné de son épouse, d'un ami médecin, et d'un majordome originaire de Hong Kong. Seulement, cet homme qui retrouve difficilement la mémoire sent que quelque chose close quand il voit par exemple que sa femme se refuse à lui, et qu'il entend des paroles étranges dans son sommeil.

Disparu quelques semaines avant la sortie du film, Julien Duvivier n'aura pas assisté à son dernier succès public, qui clôt une très belle carrière couvrant plusieurs décennies. Coécrit par Paul Gégauff, on n'est pas surpris d'y voir une intrigue qui n'aurait pas juré dans le cinéma de Claude Chabrol. Sauf qu'ici, le décor est plus ou moins minimaliste, l'immense décor du chateau, et que la bonne idée du film est de montrer Alain Delon comme un fauve dans une grande cage. Il ne peut pas sortir, et la fois qu'il y a parvient, il est rattrapé par son ami médecin, il se sent constamment épié, et pire que ça, sa femme ne veut pas coucher avec lui pour des raisons fallacieuses. On reconnait bien là la perversité de Paul Gégauff, sur la frustration sexuelle, en particulier via le majordome fétichiste. Qui n'est d'ailleurs pas joué par un acteur asiatique, mais par un allemand, Peter Mosbacher, dont a dû lui tirer les traits du visage pour lui brider les yeux !

Honnêtement, le film n'est pas à voir pour son intrigue, qui se devine très vite, si on perçoit les caractères de chacun et chacune, c'est sans doute indigne du talent de Duvivier, mais le casting est très bien choisi (Senta Berger est à se damner), avec à leur tête Alain Delon qui sort entier d'un accident lui ayant causé aucun dommage physique ; la classe.