La critique est dithyrambique, les éloges pleuvent sur ce premier film du réalisateur français Arthur Harari, qui a obtenu le prix du jury au festival international du film policier de Beaune. Est-ce dû à sa référence au Hamlet De William Shakespeare ? Où la découverte d'Anvers et de ses diamantaires ? Quoiqu'il en soit, je n'en suis pas sorti dans le même état d'euphorie.


La scène d'introduction est sanguinolente, mais a aussi les qualités visuelles d'une fiction de France télévision. Une entrée en matière peu enthousiasmante, en contradiction avec sa soi-disant maîtrise visuelle et esthétique. C'est le début, on peut espérer une amélioration dès que les bases seront posées. En fait, le film tient presque sur un seul pilier, il s'agit de son acteur principal Niels Schneider. Son charisme captive le spectateur, même s'il n'est pas très à l'aise lorsqu'il pleure devant le cadavre d'un pigeon. Le garçon est fragile. Il faut dire qu'il porte sur ses épaules un lourd passé familial. Le décès de son père, va réveiller en lui une envie de vengeance envers sa famille. On va lui offrir l'opportunité de travailler pour eux et de mettre son plan à exécution.


En dehors d'une révélation, on ne sera pas vraiment surpris. Le schéma est classique, notre héros intègre cette famille haïe depuis l'enfance. Il vit de petits boulots et de délits, alors qu'eux semblent vivre dans la luxure. Ce sont deux univers différents, mais où les névroses sont similaires. Il est comme un loup dans la bergerie, sauf que ce sont aussi des carnivores. Le gentil orphelin va-t'il venir à bout de ces méchants riches qui lui ont volé sa vie et celle de son défunt père ? Le suspense ne sera pas intense, du moins pas comme on le voit habituellement.


Le film est passionnant, on est captivé par ce drame familial sombre. Pourtant, il y a une certaine forme d'ennui qui s'installe insidieusement en cours de route. La faute à la réalisation, avec des plans semblant être volés frôlant l'amateurisme, comme le jeu de certains acteurs. Il y a aussi ses zooms mal cadrés et malvenus, ça sent la fiction à la française et ce n'est vraiment pas un compliment. Parfois, on pense à un épisode de Plus Belle La Vie, où pour les plus anciens, à Châteauvallon. On a un côté brut intéressant, donnant l'impression d'être dans la réalité avec des dialogues où des intonations mal maîtrisées. Cela ressemble a du travail d'amateur, mais qui sonne vrai. Une vérité dans les rapports, bien loin du côté lisse des œuvres trop propre et finissant pas sonner creux. Cela sonne en contradiction avec la facilité du héros pour arriver à ses fins, surtout que malgré un retournement bienvenu, la fin s'étire en désamorçant le plaisir des faits précédents.


C'est un premier film avec tout ce que cela comporte comme maladresse visuelle et narrative. Arthur Harari a pris un schéma existant en le transposant dans un univers original, sans que cela soit déroutant où satisfaisant. Son film est trop long et prend souvent des raccourcis pour arriver à ses fins. De même, ses personnages sont stéréotypés. On ne fait qu'attendre que les faits se déroulent avec la seule jeune femme Luisa (Raphaële Godin), pour un semblant de ménage à trois. La révélation (pas tout à fait finale), modifie la perception des faits, mais ne change en rien le caractère de cette famille, où les hommes restent les dominants dans cet univers machiste. Au final, c'est une question de regard sur la beauté d'un diamant, mais aussi du monde qui les entoure.


En dehors des grosses machines pas drôles françaises qui font du mal à mes neurones, ce polar a le mérite de se faire une belle place dans nos salles. Dommage que je ne sois pas tomber sous le charme de ce diamant trop poli, malgré son agréable côté brut. On va garder un œil sur Arthur Hariri et Niels Schneider, les deux révélations de cette première oeuvre.

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le 20 juin 2016

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Laurent Doe

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