Main coupée faisant écho à l’étymologie du mot Antwerp, œil attaqué par un abcès (ou de simples larmes) mettant en danger la capacité essentielle de saisir la lumière, diffraction de cette même lumière au sein du diamant comme la fiction elle-même se diffracte au fil des retournements de l'âme du héros vengeur de "Diamant Noir", épilepsie cristallisant la malédiction familiale, boxe thaï comme unique expression du désir comme de la révolte, multiplication des figures paternelles comme autant de facettes d'une pierre taillée… on ne peut pas dire que le jeune Arthur Harari y aille avec le dos de la cuillère quand il s'agit de construire "Diamant Noir" ! Et pourtant, ça fonctionne parfaitement, grâce à une mise en scène vigoureuse, parfois maladroite mais souvent épatante, grâce à un récit qui enfourche le cheval sauvage de la grande Tragédie (on a le droit d'évoquer ici James Gray, c'est dire le niveau), et grâce à des acteurs excellents, et en premier lieu Niels Schneider, blessé et pourtant lumineux à l'écran comme peu savent l'être. Mais c'est sans doute l'intelligence avec laquelle Harari construit ses personnages, avec laquelle il nous les dévoile patiemment, nous révélant comme par inadvertance que la vérité n'est jamais tout-à-fait ce qu'on pense, ou bien peut-être qu'elle est absolument indécidable, relativisant ainsi nos haines, nos colères comme nos désirs, qui élève "Diamant Noir" au niveau des grandes réussites de l'année 2016. [Critique écrite en 2016]