Depuis quelques années, j’ai pour habitude de ne jamais regarder de bande annonce et de me fier aux affiches pour choisir un film. Mais j’ai vu celle de Diamantino en allant voir Le Grand bain et j’ai été complètement séduite : un univers absurde pour parler des masculinités, avec beaucoup de paillettes, de rose et de chiots, ça avait l’air juste génial. Ni une, ni deux, me voilà au MK2 Beaubourg pour découvrir cet OFNI prometteur. Une heure et demie plus tard, je sors de la salle complètement perplexe, et même un peu mal à l’aise. Bon, au moins le film ne m’aura pas laissée indifférente, ce qui aurait été pire. Là, il y avait quelque chose. Mais impossible de savoir si c’était quelque chose de bon ou pas. D’abord, je suis restée sur ma faim. Lorsque le générique a commencé, j’avais l’impression de ne pas avoir vu de film, mais plus une sorte de très longue introduction un peu fouillis et superficielle.


La relation amoureuse qui finit par naitre entre Diamantino et son enfant-adopté-espionne-lesbienne ne m’a pas convaincue du tout.


Elle m’a même complètement gâché mon plaisir. J’avais eu un peu la même sensation devant Les Garçons sauvages : celle d’une mise en scène vaniteuse avec pour seul but de déranger gratuitement mais sans servir de propos, sans permettre à l’intrigue d’avancer. J’aurai préféré que l’on reste dans les manigances politiques rocambolesques et que Diamantino mène sa quête d’identité seul, ou accompagné par l’amitié de son « enfant ». De même, à mon avis, tout ce qui relève des expériences de laboratoires était en trop. Quitte à faire dans l’absurde,


les seins du footballeur auraient pu pousser d’eux-mêmes.


Cela aurait pu passer pour de la poésie et nous aurait évité bon nombre de scènes excessivement gênantes où l’on passe de l’absurde à l’incohérence. La transidentité, la crise migratoire et le néofascisme étaient déjà des sujets bien assez riches, pas besoin d’y ajouter du transhumanisme si c’est pour le faire mal.


L’esthétique kitch à souhait est par contre une franche réussite. Le premier match, en scène d’ouverture, est sublime. Et les tournages de pubs, avec Diamantino en chevalier,


Diamantino qui essaye de cacher ses seins,


et le réalisateur tyrannique, m’ont vraiment fait rire. Idem pour l’atroce interview télé où la bêtise de la présentatrice, combinée à l’inculture et la sensibilité naïve de Diamantino, donne naissance à une scène marquante. Les personnages des deux sœurs sont très bien campés, l’écriture de leurs personnages les faits vraiment aller au bout de leur arc narratif. J’ai aussi été séduite par le costume de none à la coiffe démesurée, porté par l’amie d’Aïsha, qui contraste délicieusement avec la vieille mobylette qu’elle conduit (à défaut d’être séduite par son personnage ou sa performance d’actrice).


Pour conclure, je pense que si je n’avais pas vue cette bande annonce si prometteuse, si loufoque, j’aurai certainement été séduite par le film qui, s’il est inégal, a le mérite d’être original.

galadriel_tndsbs
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le 14 janv. 2019

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