L'homme qui n'a cessé de mourir.

Afin de lutter contre l'inévitable, la fin de vie de son père Richard Johnson frappé de la maladie d'Alzheimer, sa fille et réalisatrice Kirsten Johnson le filme sous le signe de l'humour noir, avec sa collaboration, où il meurt à plusieurs reprises. Tout ceci en faisant un portrait très attachant d'un homme aimé de tous, apprécié de ses patients (il était psychiatre), père modèle et mari aimant, dont son épouse est décédée quelques années plus tôt de la même maladie.

La réalisatrice a fait le choix de filmer son père alors qu'il n'a que des syndromes légers de la maladie, il est encore conscient de ses actes, mais il ne peut plus vivre seul à Seattle, il doit rejoindre la famille de sa fille à New York. Afin de conjurer le mauvais sort, ou dirait-on de rire du pire, la réalisatrice s'amuse à tuer son père, mais le plus souvent avec l'aide d'un comédien qui est un sosie, où il se cogne contre une planche cloutée où il saigne de la carotide, où il fait une chute dans les escaliers qui le démembre totalement, ou alors un écran d'ordinateur qui lui tombe d'un bâtiment, et le laisse au sol. Sans oublier ce passage hallucinant où il se rend à l'église pour les répétitions de son prochain enterrement, et où, sous les yeux de son meilleur ami qui rit jaune, essaie son propre cercueil, et s'y sent tellement bien qu'il ne veut pas en partir !

Tout est comme ça dans ce documentaire, qui est aussi une façon pour la réalisatrice de filmer son père pendant qu'il est encore temps, car elle se reprochera à plusieurs reprises d'avoir peu d'images de sa mère en fin de vie ; cependant, ce qu'on en voit montre une maladie d'Alzheimer qui a progressé, au point qu'elle ne reconnait plus sa fille, avec un air totalement absent.
Mais là où je serais plus critique sur ce documentaire, ce sont pas les passages en fiction, avec des portraits de souvenirs de Dick Johnson, dans des décors en carton-pâte et des moments très gênants où il rencontre Jesus, ainsi qu'une danse avec son épouse défunte.

Ceci mis à part, et je ne parlerais pas de la fin très surprenante, bien dans l'esprit du documentaire, Dick Johnson is dead est une façon originale de glorifier la mort, donc de tenter de l'apprivoiser afin qu'elle fasse moins peur, afin de célébrer avant tout la vie.