Qui a dit que l'Académie du cinéma ne récompensait pas la comédie lors des Cérémonies des Césars ? Alain Chabat fait mentir tout le monde en obtenant, pour son premier film, ce prix convoité par beaucoup. Mais pourquoi Didier, et comme les Trois Frères deux ans plus tôt, s'est-il démarqué des autres ? Parce qu'il a fait naître un nouveau maître de la comédie française. Un homme qui n'a pas peur d'utiliser une nouvelle forme d'humour et de créer un pitch délirant : celui d'un chien qui se transforme en homme du jour au lendemain.

Qui aurait imaginé Jean-Pierre Bacri dans l'une des meilleures comédies des années 1990 ? En se confrontant à ce dernier, Chabat créé un duo atypique et mémorable. Celui de deux acteurs qui n'ont pas besoin de parler pour nous faire rire. L'un pour ses éternelles grimaces et son ton grincheux, l'autre pour son imitation de la race canine hallucinante. Le phrasé bourru du premier s'oppose parfaitement aux expressions bestiales du second. Il faut évidemment connaître et adhérer à ce genre d'humour pour saisir ce second degré si particulier. Car le réalisateur n'est pas avare de gags en tout genre (jeux de mots, débuts de plans loufoques, apparition de guests), et revoir le film permet de l'apprécier à sa juste valeur pour son soucis du détail.

Didier n'est pas un film sur le sport. Le football n'est ici qu'un prétexte à l'ex Nul pour pouvoir installer un récit délirant, et l'on préfère aux scènes de jeu (grossières et moyennement filmées) les échanges entre Jean-Pierre et son homme-chien. L'écriture est en effet désopilante et montre qu'un nouveau virtuose du rire est en train de prendre une place importante sur le grand écran. Il ne nous a depuis jamais déçu en signant une magistrale adaptation d'Astérix et Obélix, ou du déjanté mais fidèle Sur la piste du Marsupilami.

En apparence grossière, cette œuvre est devenue culte pour son comique ciselé où chaque expression, chaque mot et chaque situation sont prétextes à rire. Tout comme les Inconnus, les Nuls et plus précisément Chabat ont inventé une nouvelle forme d'humour qui a su prouver sa qualité depuis tant d'années. Celui de la légèreté apparente qui cache un travail considérable. Car le plus dur au cinéma, c'est de faire rire.
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le 9 févr. 2014

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