Ici, le conditionnel est d'usage. Et si Brian Wilson, leader des Beach Boys, n'était pas tombé sur Melinda, ange-gardien l'ayant sauvé des abimes ? Peut-être serait-il déjà mort. Et si ce même homme n'avait pas souffert de troubles psychologiques ? Peut-être n'aurait-il pas été l'un des plus grands compositeurs de son époque. Retour vers un passé tumultueux, et un présent incertain.
Ray Charles, Ian Curtis, John Lennon, beaucoup de ces icones musicales ont eu le droit à leur adaptation cinématographique. Un peu à la manière de I'm Not There (superbe biopic fantasmagorique sur Bob Dylan, où plusieurs acteurs jouent le musicien), Bill Pohlad a eu la belle idée de reprendre deux moments clés de la vie de Wilson. En évitant de réaliser une biographie classique qui retracerait toute la carrière de l'artiste, le réalisateur a préféré montrer l'essentiel, afin de comprendre qui se cache derrière le mythe.
Cusack et Dano auraient pu faire une interprétation exclusive et ne regarder que leurs propres nombrils d'acteurs pour incarner ce personnage. Il n'en est rien, le premier semble être le prolongement naturel du second. Tout deux apportent à Wilson une réelle pertinence, où passé et présent s'entrechoquent pour former un puzzle dramatique. La tyrannie d'un père, la soumission d'un docteur ou l'amour inconditionnel d'une nouvelle muse sont autant de pièces éparpillées, que Pohlad filme avec une infinie délicatesse.
Sous une bande originale qui ne se fait pas écraser sous le poids des Beach Boys, le spectateur parcourra les années sans se rendre compte de rien. Cette musique, indémodable, traverse les âges sans prendre un centimètre de ride. On a aimé, alors merci.
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