Faire le Biopic d'un survivant, c'est plutôt original. Mais Brian Wilson n'en méritait pas moins, tant il a marqué de son empreinte la production musicale de son époque (et même au-delà), et tant sa vie personnelle a été jalonnée d'épreuves. Voici le défi relevé par Bill Polhad, et force est de reconnaître que le résultat est à la hauteur, malgré les contraintes scénaristiques inhérentes à ce genre d'exercices cinématographiques.
Ce qui frappe le spectateur, connaisseur ou non de l'univers des Beach Boys, c'est le contraste qui existe, dès le départ, entre l'exaltation planétaire que suscitent leurs chansons, apparemment légères et enthousiastes, et le calvaire intime que vit depuis l'enfance le leader du groupe familial. Un génie artistique soumis à de mauvaises influences : drogues et manipulations mentales. L'enfer du décor, made in California. Bien loin de l'image de surfeurs insouciants qui collent à la peau des garçons de plage.
Construit en puzzle, un peu comme le cerveau du personnage principal, le film nous balade dans la vie de Brian, de sa période faste, dans la folie créatrice des sixties, à sa traversée du désert, dans le désenchantement des années 70-80. Puis la renaissance d'un homme à l'agonie, sauvé par l'amour d'une femme. Bon, ça fait cliché mais puisque c'est vrai, on a envie d'y croire.
Déjà forte en elle-même, l'histoire est aussi servie par la remarquable interprétation de Paul Dano (Wilson jeune) et John Cusack (Wilson âgé), l'un et l'autre reflétant de façon très crédible deux facettes d'une personnalité insaisissable. Il y a là matière à disserter sur quelques questions existentielles : où est la frontière entre le génie et la folie ? Peut-on protéger quelqu'un de ses propres démons ? Vous avez quatre heures... Deux suffiront pour mieux cerner le parcours d'une authentique icône de la culture populaire. Pas forcément avec amour, mais sûrement avec compassion.