Puisque la mode est au biopic musical ("Bohemian Rhapsody", "Rocketman"), rien de scandaleux à en consacrer un au plus grand groupe pop de tous les temps. Sauf que là, on raconte leur immense succès planétaire mais sans les principaux intéressés. Effacer les Beatles de la mémoire collective, nom d'un scarabée il fallait y penser ! C'est donc le point de départ de "Yesterday", le nouveau film de Danny Boyle, qui n'est pas sans rappeler "Slumdog Millionnaire" (oui, le petit Indien qui veut devenir riche et célèbre en passant à la télé), et qui s'inspire aussi d'une BD au nom identique publiée en 2011 par David Blot. Une mise en abyme de la notion de copiage, plus ou moins assumée...
Revenons plutôt à l'histoire de Jack Malik, petit guitariste sans envergure du Suffolk, qui se retrouve, suite à un événement surnaturel, contraint de recréer les tubes des quatre gars de Liverpool, dont plus personne ne se souvient. Bon, admettons. Encore faut-il que le public adhère à son interprétation. Comme par enchantement, la supercherie va marcher et entraîner notre sympathique faussaire vers la gloire, grâce à des textes et des mélodies d'une beauté évidente. Même Ed Sheeran s'y laisse prendre, c'est dire ("Hey Dude, don't make it bad").
En parallèle, Jack se pose pas mal de questions sur sa vraie vie : conscient de ne pas avoir un charisme de Rockstar, il ne sait trop comment s'y prendre avec son amie Ellie, la seule à croire en son étoile depuis le départ. C'est finalement ce bon vieux John Lennon (ressuscité sous les traits troublants de Robert Carlyle), qui lui donnera la recette : pour vivre heureux, l'amour et la sincérité doivent passer avant tout le reste. Son jeune héritier osera-t-il révéler, à ses fans et à l'élue de son coeur, qui il est réellement ? Au risque de tout perdre, sauf son âme.
Voilà un joli conte moderne qui mêle hommage musical et comédie romantique (il y a des passages carrément drôles), sur fond de références socio-culturelles aisément identifiables. Sans les chansons des Beatles, le monde serait-il moins cool ? La réponse est oui, bien entendu. Mais le simple fait de se poser la question permet en effet de mesurer leur impact sur nos existences, sur ce que cette oeuvre foisonnante a engendré dans la production artistique depuis les années 1960. Pas sûr que la règle s'applique dans tous les cas, n'en déplaise à Harry Potter ou à Coca-Cola. La Pop culture fait aussi du tri sélectif, qu'est-ce que vous croyez ?