- Punaise...
- Respire.
- Je respire ! Mais... Mais... Je... Je... Ça sert à rien, je ne fais que trembler !
- C'est l'adrénaline. Tu as peur c'est tout, ça va passer.
- Eh ben ouais, j'ai peur ! Vous ? Vous avez pas eu peur, là-bas, tout à l'heure ?
- Si. J'ai eu peur, ouais.
- Et c'est ça votre tête de quand vous avez peur ? Vous avez l'air hyper calme. Vous aviez déjà fait des trucs comme ça avant ?
- Des trucs comment ?
- Des trucs comme « tuer des mecs ».
- Ouais. Mais, ça faisait longtemps.
C’est con, ça va réveiller les voisins !
Retour en enfer réalisé par Len Wiseman, est le quatrième volet de la saga Die Hard, qui pour l'occasion signe après douze ans d'attente depuis ''Une journée en enfer'' par John Mctiernan (concepteur original de la franchise avec ''Piège de cristal'' sorti en 1988), le grand retour de Bruce Willis sous les traits du mythique ''John McClane''. Aucune fausse modestie à avoir, c'est pourquoi je ne vais pas y aller par quatre chemins : « Retour en enfer est un putain de film d'action ! ». Len Wiseman reprend avec ferveur le flambeau pour livrer une fresque d'action délirante et épique faisant honneur à la saga. Un périple qui ne prend pas pour des jambons le spectateur en soif d'aventures chargées en testostérone, via un récit explosif dans lequel l'on va retrouver tout ce qui fait le sel du folklore mythique ''Die Hard''. Sur un scénario de Mark Bomback et David Marconi, on retrouve le cowboy John McClane, qui va se retrouver malgré lui une fois encore plonger dans un complot, cette fois-ci cybercriminel, en devant escorter le cryptographe Matt Farrell (Justin Long). Un attentat informatique opéré par Thomas Gabriel (Timothy Olyphant), qui avec son armée privée de mercenaires et de hackers va s'en prendre aux différentes infrastructures américaines dans le but d'entamer une liquidation totale des biens du pays. Une machination dont sera également victime Lucy Gennero (Mary Elizabeth Winstead), la fille de McClane. Une intrigue brillante qui va intelligemment redonner vie à une vieille licence en y intégrant des éléments de son époque, démontrant qu'avant tout Die Hard est une saga qui évolue avec son temps.
C'est ce qui s'appelle : « Faire du neuf avec du vieux ! ».
Un récit qui s'écarte de la formule usuelle en y intégrant une véritable fraîcheur qui commence avec son duo d'affiche ''McClane/Matt''. Un couple improbable qui apporte une relation intergénérationnelle qui fait des étincelles. Une confrontation des époques illustrée par le côté primal, burné et défonce tout de McClane, à la conduite plus réfléchie, civilisée et cérébrale de Matt.
« - Dites McClane, est-ce qu’on a un semblant de plan ou quelque chose ?
- On trouve Lucy, on tue les autres. »
Un binôme très amusant que l'on prend un malin plaisir à suivre dans ce bourbier infernal où ils vont vivre un véritable enfer et entretenir une relation attachante qui va savamment explorer l'aspect dramatique de John. Pas de doute McClane est de retour et quel bonheur de le retrouver en mode « défourailleur de l'extrême », sous un déluge d'action ultra jouissive où il manipule aussi bien la réplique que le pistolet. L'art de la citation tranchante selon McClane, qui pour ce quatrième opus nous régales de ses boutades pimentées :
« - Vous venez de flinguer un hélicoptère avec une voiture !
- J’avais plus de balles. »
Ou bien :
« Écoute connard, ton numéro de cirque c’est fini ! Tu remballes ton matos et tes gugusses où bien je débarque et je te mets une grosse raclée ! »
Mais aussi :
« Ouais il y a une autre possibilité, c’est que je te mette la main dessus, que je t’en colle une et que je te foute en l’air ton beau plan. T’en dis quoi tête de nœud ? »
Tant de citations drolatiques pour autant de plaisir. Un véritable bâton de sucre d'orge que l'on délecte avec un plaisir non dissimulé.
Len Wiseman prouve son indéniable talent par le biais d'une réalisation nerveuse parfaitement adaptée au spectacle véhiculé. Un travail d'ambiance génial favorisé par le cyberterrorisme qui pose un enjeu inquiétant notamment lors de l'avertissement télévisé de Gabriel qui combine des images d'archives d'anciens présidents américains, de Franklin D. Roosevelt à George W. Bush, pour créer une atmosphère de peur perceptible. Un empreint lourd en gravité qui se conjugue parfaitement avec le ton décalé des situations vécues par les personnages. Le montage agité de Nicolas De Toth apporte un rythme énervé parfait, que la photographie de Simon Duggan idéalise pour un rendu artistique de qualité. Les décors du génial Patrick Tatopoulos, qui pour l'occasion retrouve le cinéaste après leur collaboration pour Underworld 2, offre un théâtre urbain à la hauteur sur des costumes de Denise Wingate, qui parvient à rendre à McClane sa simplicité iconique à travers une tenue idéale. Michael Kamen étant décédé en 2003, c'est le compositeur Marco Beltrami qui reprend les partitions musicales de Die Hard. Beltrami offre une partition convaincante qu'il conjugue aux titres de Kamen pour un hommage appréciable. Je regrette une fois encore que la licence ne possède pas sa propre musique iconique à l'image de son personnage principal.
- McClane, je croyais vous avoir déjà tué !
- Oui je sais, on me le dit souvent.
En matière d'action, Retour en enfer ne laisse aucun répit au spectateur qui en prend plein les mirettes. Un spectacle explosif ahurissant dans lequel McClane va une fois de plus se livrer à des confrontations à couper le souffle où il va en prendre (encore une fois) plein la tronche. Des rebondissements en veux-tu en voilà où notre cowboy de l'extrême se livre à des confrontations très physiques, qui trouvent les plus beaux moments contre la superbe Mai Lihn (Maggie Q). Un duel chevronné difficile où McClane va tâter du kung-fu de la belle pour son plus grand malheur. « J’en ai plein le cul de ton Kung-Fu ! J'en ai connu des garces dans ma vie, mais toi ! ». Un affrontement impressionnant qui trouvera une chute percutante dans une cage d'ascenseur. « La dernière fois que je l’ai vue, elle était dans une cage d’ascenseur avec un 4x4 dans le cul. » Les amateurs d'égalité des sexes seront comblés, car McClane met de véritables patates dans la tronche de Mai. Que ce soit un homme ou une femme, pour John un méchant est un méchant ! McClane qui se retrouve également à combattre plusieurs fois notre cher Cyril Raffaelli, acteur et artiste martial français, qui sous les traits du mercenaire ''Rand'', offre des prouesses physiques et des cascades cascades dingues. « T’es un vrai hamster ! »
S'ensuivent de nombreux rebondissements incroyables comprenant (en plus des très nombreuses fusillades et autres confrontations physiques) des courses poursuites délirantes comprenant un affrontement entre une voiture et un hélicoptère dans un tunnel de la mort; mais aussi et surtout le summum de la jouissance, lorsque McClane se retrouve à affronter un avion de chasse F-35. Un grand moment où d'un camion mitraillée sur une portion d'autoroute entrain de s'écrouler, McClane se retrouve à faire un rodéo sauvage sur l'avion de chasse. Un véritable délire ! Un délire qui trouve une chute finale idéale lorsque le grand méchant pointe une arme sur McClane et déclare :
« - Sur votre tombe John, il y aura écrit : '' Il était toujours au mauvais endroit au mauvais moment ".
- Ou bien : " yi-pee ki yay, pauvre con ! " »
Une réutilisation géniale de la réplique la plus symbolique de ce personnage mythique, qui est ici idéalement renvoyée à la figure de l'antagoniste ainsi qu'à celle du spectateur heureux. Sachant que la citation « Il était toujours au mauvais endroit au mauvais moment » est une réplique du Major Grant provenant du deuxième opus "Die Hard : 58 Minutes Pour Vivre", de Renny Harlin :
« - Vous êtes le mauvais gars, au mauvais endroit et au mauvais moment.
- C'est l'histoire de ma vie. »
Len Wiseman offre ainsi une conclusion symbolique qui offre un clin d'œil respectueux à l'ensemble des artistes ayant collaborés dans la saga.
La distribution est fantastique ! L'armée de comédiens sélectionnés pour porter l'ensemble du film est un régal. Quel bonheur de retrouver John McClane... « C’est Lieutenant McClane connard ! »... pardon (susceptible le monsieur), le "Lieutenant McClane" par un Bruce Willis énergique qui n'a rien perdu de sa superbe à travers les traits du personnage, qui pour la première fois est chauve. Un McClane au relationnel toujours désastreux qui paye ses nombreuses frasques en étant toujours séparé de son ex-femme, mais aussi en ayant une relation tumultueuse avec ses enfants devenus adultes. On se régale de retrouver les tocs du personnage apportant une crédibilité primordiale au récit dans lequel il est totalement largué avec toute cette technologie qu'il ne comprend pas. Le comédien Justin Long est génial en tant que Matt Farrell. Il apporte un duo savoureux à Bruce Willis qui n'a absolument rien à voir avec celui de ''Zeus'' par Samuel L. Jackson dans ''Une journée en enfer''. Le comédien est à la hauteur, réussissant à être autre chose que le comique de service devant rendre la réplique aux héros. Arrive la géniale Mary Elizabeth Winstead, qui en tant que Lucy Gennero McClane apporte du caractère et du charisme à ce personnage qui tient bien de son père. Une approche dramatique essentielle au développement de la trame du héros qui tente à travers sa fille de se racheter de ses fautes passées. J'adore Timothy Olyphant, et bien qu'en tant que méchant principal il ne parvient jamais à égaliser le génie d'un Jérémy Irons pour Simon Peter Gruber, ou d'un Alan Rickman pour Hans Gruber, il faut reconnaître qu'il s'en sort brillamment. En tant que Thomas Gabriel, il offre une menace crédible appuyée par ses hommes de mains. Enfin, un grand bravo également pour tous les personnages secondaires avec en tête Kevin Smith qui en tant Frederick Kaludis alias « le Sorcier » est hilarant.
CONCLUSION :
En tant que quatrième volet de la saga Die Hard, le réalisateur Len Wiseman propose avec Retour en enfer, le grand retour du cinéma d'action typique des années 80-90, à une époque où l'on ne savait déjà plus apprécier à sa juste valeur ce genre de divertissement. Une fresque explosive impressionnante qui avec du vieux fait du neuf, à travers une relecture savoureuse. Bruce Willis sous les traits du mythique John McClane revient après douze ans d'attente, et on peut dire que le cinéaste n'a pas pris ce retour à la légère pour mon plus grand plaisir.
Un film d'action épique à couper le souffle pour 129 minutes de pur plaisir !
- Je suis pas quelqu'un d'héroïque. Je suis pas un mec qui a du courage comme vous. Je suis pas ce genre de mec.
- Je ne suis pas un héros.
- Vous m'avez sauvé la vie une dizaine de fois en six heures, au moins.
- C'est mon métier, je le fais c'est tout.
- Ouais.
- Tu sais ce que tu gagnes, quand t'es un héros ? Rien. Tu te fais tirer dessus. On te tapote à l'épaule ''bla bla bla, c'est bien mon gars''. Tu divorces. Ta femme ne se souvient même plus de ton nom de famille. Tes gosses veulent plus te parler. Tu prépares tout seul ta bouffe. Crois-moi, personne n'a envie d'être ce mec là.
- Alors, pourquoi vous faites ça ?
- Parce qu'il n'y a personne d'autre pour le faire. Voilà pourquoi. Tu peux me croire si quelqu'un d'autre s'y coller je laisserai faire mais y a personne, alors... On fait ce qu'il y a à faire.
- C'est ça qui fait de vous ce que vous êtes.