Aout 2003, le Terminator se voit offrir une troisième aventure, Janvier 2007, Rocky Balboa renait et fait son retour au cinéma, puis vint le tour de John Rambo. Juillet 2007, c’est au tour d’un certain flic casse-cou d’effectuer son come back. Après douze longues années d'absence, John McClane nous revient et le pauvre, divorcé, rejeté par ses enfants, devenu lieutenant de police de New York apparait comme un héros désabusé.
John McClane à l’ère de la connectivité
Dès 2003, c’était l’époque du retour des icones du cinéma d’action américain. De John Rambo en passant par le Terminator et Indiana Jones, Hollywood ressortait du musée nos vieux de la vieille pour un retour sur grand écran. John McClane, toujours porté par Bruce Willis plus en forme que jamais faisait son retour pour un quatrième Die Hard. En 12 ans, les choses ont changées, les mentalités, la technologie, la culture et la mode aussi. Comment va évoluer notre héros qui ne veut pas en être un, dans ce nouveau monde ?
Die Hard 4 part donc dans l’optique de voir coller sa thématique à cette époque. Le grand rebelle n'est plus vraiment. Agé, presque lassé de sa vie où en temps que héros, il a perdu bien trop de choses, John apparait sous un nouveau jour. MAIS, quand il est question de mener à bien une mission, il répond présent.
Tout ce qui le fou en rogne, il le renvoi puissance 1000. Le casse-cou n'a pas perdu son mojo. Un véritable kamikaze prenant plaisir à provoquer la mort. Un brin plus sage et carrément moraliste (ba c'est l'âge en même temps où tu te fais ta petite introspection), toujours adepte de la punchline bien piquante, notre flic a toujours le don de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment.
Il pensait appréhender un hacker et le ramener illico au FBI, le voila plonger dans une affaire de terrorisme avec des professionnels aux basques. Accompagné d'un petit jeunot roi du bidouillage informatique mais trouillard comme pas deux (le John Connor du pauvre), McClane devient un pseudo garde du corps, tout en faisant ce qu’il sait faire le mieux: jouer les action hero. A cinquante piges, tout comme Schwarzy et Stallone, Willis, il gère.
Entre descendre un pro du terrorisme, dégommer un hélicoptère avec une bagnole de flic, enchainer les séquences de combats à mains nues et gun fight, affronter CARREMENT un jet F-35, jamais on avait vu autant de voitures exploser. C'est le pied, c'est ça qu'on était venu voir au cinéma, et c’est qu’on attend, à notre époque, des films d’action. Même si cette fois c'est pas Noel, qu'il n'y a plus ni Allen, ni Holly, ça n'empêchera pas John de tout faire péter (comme disait le chanteur Guyz Nite).
- McClane, je croyais vous avoir déjà tué !
- Oui je sais, on me le dit souvent.
Vivre libre ou tout donner sans jamais lâcher
Ce que John avait vécu dans les trois opus précédent vous paraitra infime comparé à la nouvelle journée pourrie qui l’attends dans Die Hard 4. Len Wiseman prend plaisir à malmener son héros en danger constant. Les années ont passées, la technologie a évoluée, on peut donc ce permettre de vous offrir un spectacle digne de ce nom. Et à l’ancienne s’il vous plait. Pas d’utilisation abusive de CGI avec un Bruce Willis ressemblant à un héros de jeu vidéo. Pas question. Comme on parle de hacking, on va ce faire plaisir, exploitant le thème bien comme il faut pour donner lieu à des scènes d’action surprenantes. Ca sent un peu le film à la Michael Bay MAIS version soft. On va pas tout faire péter pour le plaisir.
John va galérer, se voyant face à des adversaires bien plus pro que ces anciens ennemis. De la sexy Maggie Q pro en arts martiaux en passant par notre petit frenchy, le cascadeur Cyril Raffaelli, et Timothy Olyphant (alias Joël, le voisin nerveux dans Santa Clarita Diet), notre héros lessivé ne comptera même plus ses blessures. Il est vrai que si on compare le capricieux Olyphant à un Alan Rickman, William Sadler ou Jeremy Iron, la menace paraitra infime.
Pourtant, la recette action/humour/spectacle/touche dramatique marche. On a un scénario bien travaillé avec une thématique parfaitement exploitée et faisant réfléchir, un nouveau coéquipier sympathique et original (Justin Long surprenant dans un rôle plus sérieux que ces comédies potaches habituelles) et différent des autres, un petit développement de la vie de McClane par le biais de sa fille Lucy interprétée par la charismatique Mary Elizabeth Winstead, une envie de chambouler quelques codes propres à la franchise tout comme l’avaient fait avant Die Hard 2 et 3, un choc des générations entre vieux de la vieille aimant le vieux rock et jeune geek arrogant fervent amateur de métal. « Le dinosaure versus le New Age » comme disait Kevin Smith dans une interview.
Oh et puis on a Kevin Smith dans le rôle du « sorcier », grand hacker reconnu de tous vivant dans le sous sol de sa moman en compagnie de tout un tas de figurines de Star Wars. Du pur, du grand fan de Star Wars.
Tout comme les autres Die Hard, les séquences d'action paraissent surréalistes, seulement, ici, on tombe dans le plus démesuré. Bruce Willis a beau ne plus avoir un cheveu sur la tête, ca ne l'empêche pas de briller de charisme. Son regard charmant, sa hargne, son humour, sa grossièreté, ses ronchonnements, son irrespect de l’autorité, sa vulnérabilité, l'acteur transpirant comme un bœuf gère, résiste aux aléas du temps. Die hard 4 fera flipper rien qu’en entendant l’explication du concept de « liquidation ».
-Tu sais ce que tu gagnes quand t'es un héros? ... Rien! Tu te fais tirer dessus, on te tapote l'épaule BLA BLA c'est bien mon gars... Tu
divorces, ta femme ne se souvient même plus de ton nom de famille, tes
gosses ne veulent plus te parler, tu te prépares tout seul ta
bouffe... Crois moi personne n'a envie d'être ce mec là...
-Alors pourquoi vous faites ça?
-Parce qu'il n'y a personne d'autre pour le faire, voilà pourquoi! Tu peux me croire, si quelqu’un d'autre s'y collait, je laisserais faire
mais il y a personne alors... on fait ce qu'il y a à faire...
Au final, nostalgie que de retrouver John McClane après tant d'années d'absence. Die Hard 4 n’est pas un mauvais film, Die Hard a juste évolué stylistiquement, nous offrant de la nouveauté, des effets spéciaux en progrès, du spectacle brutal et dynamique tous publics, de l'humour, des bonnes musiques haletantes, une mise en scène travaillée et lisible, un brin de psychologie héroïque, du message faisant réfléchir (les dangers de la connectivité), et une petite crise familiale histoire de montrer que sauver le monde, ça paye mal sur le plan personnel. Alors oui, coté antagoniste, on a connu mieux, mais ce Die Hard 4, propulsant un vieil action hero dépassé dans le monde du numérique, vaut tout l'or du monde. Du pur spectacle jubilatoire lancé à un rythme effréné ne flanchant jamais.