Cette critique fait partie de la liste "1 film, 2 montages (voire plus)".
https://www.senscritique.com/liste/Un_film_2_montages_voire_plus/1508237


Ci-joint, le lien pour la seconde partie de ce dossier, avec un focus sur la version internationale (soit Neverending Story que vous connaissez tous):
https://www.senscritique.com/film/L_Histoire_sans_fin/critique/85905592


Paru en 1979, le roman homonyme de Michael Ende raconte les aventures de Bastian au Pays de Phantàsien (devenu Fantasia dans le Cut international).


Après avoir échappé à des sales gosses, Bastian se cache dans la librairie de Herr Koreander et "empruntera" le livre nommé Die Unendliche Geschichte.
Dans celui-ci, il y est question du Royaume de Phantàsien qui commence à être dévoré par le Néant et le jeune Bastian - un "paria" grassouillet et orphelin de mère - va aider à sauver la "Kaiserin" (soit la Petite Impératrice) et par extension, Phantàsien.


Au travers de sa lecture, il fera connaissance, avec:



  • l'intrépide Atréju


  • le malicieux dragon à tête de lion Fuchur


  • Die Kindliche Kaiserin (la Petite Impératrice, donc),


  • un Golem mangeur de pierre,


  • une Araignée Géante,


  • Gmork le serviteur du Néant...



Après avoir sauvé Phantàsien, Bastian deviendra un petit prétentieux et aura maille à partir avec Atréju.
Plus Bastian s'impliquera dans sa tâche de "Re-Créateur" de Phantàsien, plus il perdra sa mémoire d'enfant humain.
Ce sera Atréju qui l'aidera à se retrouver lui-même...


Die Unendliche Geschichte (son titre original, car le film est financé par les Allemands, tout comme la plupart de l'équipe qui sont Bavarois, excepté les acteurs, cela va de soi) est donc l'adaptation de la première moitié du roman de Ende et ce long métrage de 1984 existe en deux versions:



  • la version d'origine (soit celle-ci) durant 102 minutes, avec un score de Klaus Doldinger (déjà à l’œuvre sur le Das Boot du même Petersen)


  • la version dite internationale (soit US, distribuée par Warner Bros) dans un montage de 94 minutes, avec un score partiel de Giorgio Moroder, incluant la chanson Neverending Story interprétée par Limahl.



Je vais donc me concentrer sur la version dans son montage d'origine (soit Allemande, pour les distraits).


Tout d'abord, un rapide tour d'horizon sur les noms originels (tirés et du roman de Ender et du film dans sa version d'origine) traduits pour la version internationale et la VF:



  • Bastian (VF: Bastien)


  • Atreju (devenu Atreyu, même prononciation),


  • Fuchur (Falcor),


  • Phantàsien (Fantasia)


  • Herr Koreander (Mr. Coreander)


  • Nachtalb (Nighthob et Wuschwusul en VF (????)).


  • Winzling (Teeny Weeny et Uckûck en VF (!!!)



Ci-dessous, une liste des quelques scènes d'origines non présentes dans la version internationale distribuée par Warner Bros:


Dès le lancement du film, le générique est très sobre (lettrage blanc sur fond noir, avec le opening theme dramatique de Klaus Doldinger


Opening theme by Klaus Doldinger (plus sombre que le Moroder):
https://www.youtube.com/watch?v=K-VpdfEHtvM&list=PL768E860C17121794


Ci-dessous, les scènes intégrales:



  • le réveil de Bastien (quelques scènettes approfondissant un peu le caractère solitaire du jeune garçon),


  • l'entrée dans la librairie (où Bastien s'engouffre précipitamment pour échapper à ses poursuivants, soit un trio de crétin du même âge),


  • le coup de téléphone de Korreander le libraire (propice pour que Bastien puisse "emprunter" le fameux bouquin),


  • l'arrivée dans le grenier de l'école (exploration plus parlante du lieu),


  • le discours de Cairon est filmé sans interruption (alors que le cut US alterne avec des images des autres dignitaires de Phantàsien


    • la scène de la disparition progressive d'Artax dans le marécage,


(Artax's Death by Doldinger):
https://www.youtube.com/watch?v=w9vvO6MHZN8&list=PL768E860C17121794&index=4



  • la majorité des scènes avec Morla la montrant de face (plan large latéral pour le cut US),


  • Gmork est (un peu) plus présent à l'écran,


  • plan bref sur Bastien en pleur, lors de l'échange (via le livre) avec l'Impératrice,
    et des dizaines de plans plus complet en début et fin de séquences.


  • Atréju chevauchant Falcor par deux fois (le cut US changera de place quelques plans)



scène d'origine plus longue dépassant la minute:



  • lorsque le Néant commence à emporter les arbres (après le départ de l'escargot et de la chauve-souris), il y a des zooms avant sur le visage du Mangeur de Pierre montrant son appréhension grandissante,


dialogues présents originellement:



  • Bastien qui demande au libraire pourquoi le livre est si important à ses yeux,


  • la scène où Gmork dit à Atréju de le laisser tranquille et où celui-ci lui propose pourtant de l'aider,


  • Gmork annonçant à Atréju qu'il le pourchasse depuis toujours et que bien qu'il se sente trop faible pour le tuer, il fera le nécessaire pour trouver la force de le faire quand même,


  • Bastien se demandant si l'Impératrice parle réellement de lui lorsqu'elle parle du fameux
    "Élu",


  • Atréju s'adressant à l'Impératrice pour savoir quelles seront les conséquences directes, si l'enfant humain (Bastien, donc) se trompe en donnant le nouveau nom qui sauvera et l'Impératrice et Phantàsien,


  • Atréju voulant savoir pourquoi l’Élu n'est pas présent dans la Tour d'Ivoire, ce à quoi l'Impératrice lui répond qu'il (Bastien) n'a pas assez confiance en lui-même,


    -l'Impératrice demandant à Bastien (par-delà le livre) pourquoi il n'a pas le courage de les sauver (peuple de Phantàsien, )puis le somme de le faire,


  • l'Impératrice (brisant le 4ème mur) implorant Bastien/nous de dire tout haut son nom, en ayant les larmes aux yeux.



Concernant le score original de Klaus Doldinger, c'est une composition d'ordre dramatique illustrant parfaitement les tourments et de Bastien et des personnages de Phantasien , où le sujet n'est jamais traité avec condescendance mais avec application respectueuse.


On le voit donc, Die Unendliche Geschichte a été pensé comme un film plus profond que ce que le Cut US livrera au monde.
A ce titre, il est intéressant de comparer le trailer original Allemand avec celui de la version WB, soit international:


Die Unendliche Geschichte
https://www.youtube.com/watch?v=vqeWdDnTVlQ


The Neverending Story:
https://www.youtube.com/watch?v=UeFni9dOv7c


Dans le trailer original, nous entendons en fond le travail de Klaus Doldinger et la première partie du dit trailer se concentre sur la destruction de Phantàsien et sur un dialogue avec Gmork, le côté "friendly" n'apparaissant que brièvement à la suite de ça.


Quant à la version internationale, c'est donc le score disco de Moroder qui illustre les images plus axées sur l'aventure et le merveilleux (un peu à la Disney, quoi) et on comprend d'ailleurs (par son absence) que la chanson interprétée par Limahl n'existe même pas encore. On en déduit donc que le marketing n'était pas à son apogée.


Die Unendliche Geschichte est donc une variante du Gamebook (appelé chez nous "Livre Dont Vous Êtes Le Héros"), où le spectateur prend la place même du jeune Bastien.


Doté de superbe peintures sur verre/décors/créatures et d'une interprétation de qualité (Noah Hattaway/Atreju est lumineux, tandis que Tami Stronach/l'Impératrice est tout simplement émouvante), ce long métrage de 33 ans montre qu'il en a encore sous la botte (de 7 lieues).


Bref, une belle (re)découverte de ce film via son montage original, nous montrant encore une fois (si besoin est) que les produits US (Warner ayant racheté les droits de distribution à l'international, y compris la France) se doivent de s'adapter aux "besoins" de leurs éventuels spectateurs.


Quoiqu'il en soit, Die Unendliche Geschichte reste un très beau conte prônant (au choix):



  • le dépassement de soi,


  • la magie de la lecture,


  • l'amitié indéfectible,


  • l'entraide...



Pour résumer, ce genre de qualité qui ont tendance à disparaitre avec le temps...et les décades.


End Credits/Bastian's Happy Flight by Klaus Doldinger
https://www.youtube.com/watch?v=rvuteGIuAbc

The Lizard King

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