Signé Kapadia
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Explorer l’obscurité pour mieux en faire jaillir la lumière. C’est ce qui semble obnubiler Asif Kapadia. A l’instar de Ayrton Senna (Senna – 2010) ou d’Amy Winehouse (Amy – 2015), Diego Maradona constitue son troisième objet de fascination. Et une fois encore, le regard se pose sur une icône hors du commun.
Diego Maradona est connu de tous. Son talent comme ses frasques ont fait le tour du monde et traversé les âges. Du quart de finale contre l’Angleterre en 1986 et La mano de dios jusqu’à son addiction à la cocaïne, El pibe de oro n’aura eu de cesse de faire parler de lui. Entre adulation et controverses, raconter ce destin tourmenté avec un tel matériel cinématographique devient une évidence. Comme une trajectoire scorsesienne aussi fascinante que sa chevauchée démentielle lors de cette même Angleterre de 86. La vie de Maradona aurait pu être une fiction tant elle est intense, riche et folle.
Pour reconstituer ce morceau de vie, le cinéaste britannique s’est appuyé sur plus de 500 heures d’image inédites, issues des archives personnelles du joueur. Il n’en fallait pas moins pour livrer une recomposition minutieuse et passionnée, rythmée au son d’une musique électrisante et entraînante, dans laquelle il y insuffle une dimension romanesque incroyable.
Le film débute sur une fuite en avant. Une voiture qui file à toute allure vers le stade San Paolo. Il y a les années 80 et son folklore, la liesse populaire est palpable. Le documentaire part des années napolitaines du footballeur argentin pour introduire ce lien indéfectible avec la ville italienne, véritable second protagoniste. La maudite d’Italie, connue pour être la plus dangereuse d’Europe, qui s’est acheté le rêve Maradona, dès lors érigé en véritable dieu-vivant. Une filiation qui cristallise à elle seule la complexité du personnage : du sommet à la déchéance. Comme tout génie, il y a les parts d’ombres, les tentations du côté obscur. C’est en explorant ses conflits conjugaux, son addiction à la cocaïne et ses liens avec la Camorra, que réside toute l’émotion vive du film. Il replace l’humain et ses failles au cœur d’un mythe qui a fini par le dépasser.
Parce que Diego Maradona c’était tout ça : un petit génie des bidonvilles de Buenos Aires qui, à force de persévérance, atteindra les sommets du football mondial. La chute sera lente mais terrible. Le poids de la célébrité, les responsabilités, les mauvaises fréquentations. Un homme avec ses failles, c’est ce que le cinéma a de plus fascinant à nous offrir, et Asif Kapadia le fait avec brio.
Comme Amy, cette chair céleste est tombée sous une célébrité destructrice. C’est l’histoire de l’homme et du mythe. Et elle vaut tout l’or du monde. Immanquable.
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le 17 août 2019
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