Salauds de français !
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À mesure que je remonte le cours de la filmographie de Ousmane Sembène de manière antichronologique, les motifs, les thèmes et les styles narratifs deviennent familiers. Ça reste un cinéma assez particulier au niveau de la direction d'acteurs et de la narration, au même titre que Bresson peut dérouter au premier rapport, avec pour enjeux récurrents la colonisation et la décolonisation de l'Afrique.
On pourrait croire que "Dieu du tonnerre" (Emitaï) est très proche de "Camp de Thiaroye" (sorti 18 ans plus tard en 1988) étant donné le contexte commun de la Seconde Guerre mondiale et l'approche s'inspirant de récits authentiques. Mais le style reste très différent pour capter les événements d'un village de Casamance et tout le spectre des actions de résistance plus ou moins active à l'armée coloniale. Cette dernière, représentée par quelques officiers français fantoches baignant dans leurs caricatures, est là pour veiller à l'enrôlement des jeunes hommes et à la saisie de grands volumes de riz.
Globalement les habitants restants sont séparés en deux groupes : les hommes vieillissants, occupés à exécuter des sacrifices et à tergiverser dans la consultation des dieux pour savoir que faire (une séquence d'hallucination / vision à ce sujet est assez baroque), et les femmes, actives dans le travail de la terre, la plantation et la récolte du riz, et dans l'opposition frontale à l'occupant. Tous restent éminemment perplexes devant le comportement des colonels et la valse des portraits, celui de Pétain cédant sa place à celui de De Gaulle sans explication — témoin de la composante satirique du film chère à Sembène, où comment un général deux étoiles peut commander un maréchal sept étoiles... Mais la note finale reste clairement tragique, avec un massacre lorsque l'écran passe au noir.
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Créée
le 27 mai 2024
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