Autant Saban m'a fait bien rigoler avec ses Power Rangers, autant le premier film Digimon est un véritable massacre de remontage qui le rend pénible à revoir à l'âge adulte alors que certaines parties de ce film sont agréables à voir individuellement (la deuxième surtout, Digimon : Our War Game, une espèce de prototype à Summer Wars par le même réalisateur, Mamoru Hosuda)
Le film est en faite le montage de 3 moyens-métrages distincts des uns des autres : le premier se passe avant le début de la première saison (Digimon Adventures, toujours dirigé par Mamoru Hosuda), le deuxième à la fin de la saison 1 (Digimon : Our War Game) et le troisième pendant la saison 2 (Digimon : The Golden Digimentals). Ces 3 parties sont identifiables avec leur graphisme (que j'avais remarqué étant enfant : les deux premières portent la patte évidente de Hosuda, la troisième s'aligne sur celle de la saison 2).
Ce remontage américain a été co-dirigé par Mamoru Hosuda lui-même avec Saban et Fox Kids à la production. Si Saban arrivait plus ou moins à "bidouiller" une histoire avec des brides de pellicules japonaises et américaines pour l'exportation de sentais (avec une différence de pellicule perceptible !), la différence de graphisme des 3 parties, le changement des dialogues et des musiques (tout en restant un dessin animé pour enfants et pré-ados, le film américain force à infantiliser certains passages à partir de blagues de rots ou de répliques stupides : voir spoiler) et une VF doublée à la légère (avec des personnages changeant de voix sur une partie, la troisième) rend le visionnage agaçant voir gênant.
Quelle maman fait boire de la limonade aux oignons à son gamin, Tai, et à son pôte, Izzy ? Sérieusement ?
En faisant un parallèle à Pokémon et à son distributeur américain de l'époque, 4Kids (il y a tant à dire sur le premier film aussi), ce traitement n'a pas aidé à rendre crédible la qualité de l'animation japonaise : bien que Pokémon et Digimon étaient avant tout des dessins animés à vocation publicitaire pour Nintendo et Bandai, Digimon bénéficiait d'une histoire un peu plus profonde et complexe.
Il vaut mieux se procurer les parties originales, surtout les deux premières qui ont un certain intérêt en terme d'histoire et d'enjeux (si vous avez aimé Summer Wars, vous pourrez faire le jeu des 7 erreurs sur la deuxième partie). La troisième partie étant plus dispensable.