Cooking Dillinger
Glauco, un ingénieur qui travaille sur l'élaboration de masques à gaz, est assommé par le discours sur la société de consommation et la place de l'homme moderne qu'un de ses collègues lui assène au...
Par
le 2 déc. 2018
10 j'aime
Glauco, un ingénieur qui travaille sur l'élaboration de masques à gaz, est assommé par le discours sur la société de consommation et la place de l'homme moderne qu'un de ses collègues lui assène au bureau.
Il rentre chez lui, dit bonsoir à sa femme, se rend dans la cuisine pour voir ce qu'elle lui a fait à bouffer. Il sent, renâcle, joue avec le flan du dessert puis va dans sa grande cuisine, où il entreprend de préparer sa propre bouffe. Il porte un tablier féminin rouge (gag au 1er degré ou dénonciation de la féminisation de la société qui affecte aussi les hommes dans la force de l'âge ?), Annie Girardot qui joue la bonne passe 3 secondes pour dire bonsoir.
Alors qu'on n'est pas sur un rythme foufou, l'histoire s'emballe. Glauco (Michel Piccoli) fouille dans un placard pour trouver de la noix muscade ou un truc afin de préparer son rôti de porc (pied de nez au régime alimentaire oriental ou allusion au porc capitaliste qui se mange lui même ?), il tombe par hasard sur un papier journal titrant sur la mort du célèbre gangster Dillinger, et qui contient un vieux flingue ultra rouillé.
Après cet épisode ébouriffant, la tension retombe considérablement. On le voit faire cuire de l'ail dans une casserole, ça a l'air important car il y retourne 3 fois, pour vérifier la cuisson. Tout en cuisinant il va regarder la télé, où des gamines de 13 ans sont interviewées par une émission de télé pour savoir si elles se maquillent. Il regarde avec avidité (dénonciation de la pédophilie ? ou clin d'oeil à Lolita ?), il retourne à la cuisine pour vérifier l'état de l'ail, et démembrer son flingue rouillé afin de le faire baigner dans de l'huile d'olive (?!). Il remonte voir sa femme qui lui demande un somnifère, il redescend, regarde un truc à la télé tout en mangeant son rôti de porc, puis se met ses films de vacances au projo. On voit sa compagne (Anita Palemberg) et une copine qui nagent, lui fait le con devant la toile en voulant toucher leurs seins.
Il nettoie son flingue, avant de le peindre en rouge (symbolisme du communiste violent révolutionnaire ? la révolution prolétaire par les armes à feu ? ou dénonciation des armes à feu aux USA car le rouge = violence = couleur du sang ? et donc couleur des indiens, et le rouge c'est la couleur du vin etc... ), en y laissant des taches grises avec un pinceau (les étoiles du drapeau américain ? le flingue Star-Spangled des cochons de la CIA). Il le pose dehors pour sécher puis enchaîne les films super 8. On voit sa nana sur la roue de fête foraine de Marcel Campion, puis lui regardant une corrida, entre temps il monte voir la bonne qui danse en collant sur une musique de merde devant un poster de chanteur pour minettes (dénonciation du show-business niais en outil du grand capital pour annihiler tout esprit critique de la jeunesse et des minorités sexuelles opprimées ?) .
Il regarde une vidéo de ses mains en gros plan jouant à faire n'importe quoi. Il donne un billet à Girardot pour lui verser du miel sur le dos (symbole de l’aliénation du libéralisme ? miel = abeille, les abeilles ouvrières, le miel est le fruit du labeur ouvrier qu'il se paye avec son pognon de la classe dominante ?). Il redescend, pour prendre son flingue qui est enfin sec, il remonte, fait le con avec en visant des tableaux
et tue sa femme très calmement (symbole de la dénonciation des violences conjugales ? symbole du crime passionnel et de la dépression de l'homme blanc occidental phallocapitaliste qui explose privé de violence de part son accession à la bourgeoisie depuis trop longtemps ?).
Il quitte l'appart non sans avoir pris avec lui un collier de sa femme, un gros truc en or.
Il va à la plage piquer une tête avec le collier. Puis monte sur un grand bateau, demande s'il peut être cuisinier, et la nana à qui appartient le vaisseau prend son collier et dit "oui, vas me faire une tarte aux pêches" (symbole du salut rédempteur de l'homme dans la reconversion pâtissière au service de matriarchie ? ).
Fin.
J'ai essayé l'analyse bonus DVD d'un vieux mec après le film. En fait le truc sur les masques à gaz c'est une référence à la Shoah (j'y avais pensé !). Et le reste du film c'est sur la solitude de l'homme moderne.
Lecteur impartial qui ne me connaît pas, tu dois certainement penser que détailler minutieusement un film de la sorte afin de le tourner en ridicule est un procédé facile traduisant un comportement puéril de petit ricaneur dénué de profondeur et qui se trouve interdit devant une oeuvre intellectuelle supérieure.
Je peux le comprendre, mais lecteur impartial, vous admettrez dans le même temps que faire une analyse en planquant aux forceps des symboles, politiques, religieux ou métaphysiques à la moindre action anodine de Piccoli dans ce film ne soit pas une preuve de clairvoyance mais bien une marque de cuistrerie évidente.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les pires films de vos réalisateurs cultes
Créée
le 2 déc. 2018
Critique lue 1K fois
10 j'aime
D'autres avis sur Dillinger est mort
Glauco, un ingénieur qui travaille sur l'élaboration de masques à gaz, est assommé par le discours sur la société de consommation et la place de l'homme moderne qu'un de ses collègues lui assène au...
Par
le 2 déc. 2018
10 j'aime
Glauco, immense Michel Piccoli dans ce qui est peut-être son plus beau rôle, est dessinateur industriel, il dessine des masques à gaz. Comme tous les soirs il rentre chez lui. Ce soir-là sa femme est...
Par
le 14 mai 2012
10 j'aime
2
Je ne suis pas un adepte du cinéma de Ferreri, ni un grand admirateur. Cependant celui-ci m’a plutôt plu. Ferreri garde son côté absurde, oublie les trop grosses bouffonneries, mais assume un même...
le 30 mai 2022
2 j'aime
Du même critique
Saison 1 :Voilà une série qui n'a pas fait grand bruit à sa sortie et qui est pourtant riche d'une écriture assez unique. En cette période de disette, où toutes les séries sont standardisées,...
Par
le 14 déc. 2022
37 j'aime
3
Un meurtre d'enfant aussi sauvage que sordide, des preuves accablantes qui incriminent contre toute attente un citoyen respectable d'une paisible bourgade (elles le sont toutes là plupart du temps...
Par
le 10 mars 2020
29 j'aime
6
Regardons de plus près les similitudes entre les deux grandes sensations horrifiques de l'année :- Barbare de Zach Cregger. Pendant 30 minutes, c'est pas mal, les 40' suivantes baissent en gamme...
Par
le 3 nov. 2022
27 j'aime
7