Dilwale Dulhania Le Jayenge peut se traduire par : « l’amant emmènera la mariée ». Il s’agit d’une comédie romantique et d’une pure réalisation Bollywood, on y trouve toutes les caractéristiques du genre : longueur (3h05) ; une première partie lourde et une deuxième partie plus intéressante ; romance ; surjeu des acteurs ; chants et danse ; mélange des genres (drame, humour, émotion, action).
La première partie se passe en Occident. Elle met en place les personnages à travers la présentation de deux familles indiennes vivant à Londres : Raj (Shahrukh Khan) dont le père qui est un homme ouvert ne veut que son bonheur. Simran (Kajol Mukherjee), dont le père est au contraire rigide, respectueux des traditions, amoureux de l’Inde et perdu en Occident. Le chemin de Simran est tout tracé, elle est déjà promise en mariage par son père au fils de son ami d’enfance, depuis sa naissance.
Mais voilà que Raj et Simran font connaissance et tombent amoureux l’un de l’autre lors d’un voyage en Suisse après des relations tendues dans un premier temps. C’est classique dans les romances indiennes. Cette première partie est très légère, Shahrukh nous offre de belles séquences de bouffonnerie qui est sa marque propre. Elle offre aussi des séquences très romantiques sur fond de montagnes suisses.
La deuxième partie se situe en Inde, dans la province du Pendjab où Simran est conduite par son père pour accomplir sa promesse. Cette partie est plus sombre, bien que l’humour et le surjeu soient toujours présents
Elle approfondit le drame du mariage organisé et forcé. La mère de Simran avoue en pleurs à sa fille qu’elle a été sacrifiée en tant que femme, qu’elle s’était promise que sa fille n’aurait pas le même sort qu’elle, mais elle est impuissante. Elle demande, dans un premier temps à sa fille de se soumettre à la volonté de son père, avant de finalement la soutenir.
Cette deuxième partie nous plonge également dans la culture indienne avec le rapport très hiérarchisé entre les générations, la présence des rituels, l’évocation de la fête de Karva Chauth durant laquelle les femmes jeûnent pour préserver la santé et la vie de leur mari ou de leur fiancé.
Le manque de liberté et la pression exercée par les familles est mise en scène sous un mode humoristique quand les parents de Preety se mettent en tête de la marier à Raj. Pour faire cette demande de mariage, ils le coincent littéralement sur un canapé et l’étouffent sous leur proposition, ne lui laissant aucune autre possibilité que d’accepter. Image très parlante du manque de liberté et de l’étouffement des personnes dans ce milieu où les choix ne sont souvent pas respectés.
Dilwale Dulhania Le Jayenge offre également quelques clins d’œil au cinéma occidental, telle la séquence hommage à Le bon, la brute et le truand qui montre Raj tirant un coup de feu sur la corde à laquelle est suspendu Kuljit Singh qu'il a pris au piège. Le tout sur fond de la musique d'Enio Morricone. Référence implicite aux scènes dans lesquelles « le bon » délivre « le truand » de la pendaison qu’il a lui-même provoquée.
Dilwale Dulhania Le Jayenge a redonné un nouvel élan au cinéma indien à une époque où il battait de l’aile. Il a connu un immense succès. Plus de 20 ans après sa sortie, il était toujours à l’affiche… C’est la première apparition du couple Shahrukh et Kajol qui se retrouveront ensuite dans plusieurs autres films : Karan Arjun, Kuch Kuch Hota Hai et Kabhi Khushi Kabhie Gham, My Name Is Khan. Il se dégage entre eux une belle complicité et nous sommes invités à en faire partie. Si ce film est loin d’être un chef d’œuvre – il souffre de lourdeurs, de maladresses et les parties dansées et chantées ne sont pas très bonnes – il offre cependant un bon divertissement.