Un crocodile numérique qui semble issu des balbutiements de l'ère CGI, une romance entre un artiste mécano et une policière du chenil anecdotique : voilà les prémices d’une série B qui assume pleinement ses failles pour mieux se plonger dans son véritable moteur cinégétique — le sang, et encore le sang.
Ce qui pourrait passer pour un énième film d'exploitation gagne pourtant en densité grâce à quelques choix bien sentis. Costas Mandylor incarne un chasseur dont le charisme suffit à ancrer l’action, tandis que Charles Napier, en shérif dépassé, et Joanna Pacula, caricature savoureuse d’une cheffe d’entreprise sans âme, complètent bien le tableau avec ironie. Le film ne s’embarrasse d’aucun temps mort, offrant une mécanique bien huilée qui évite l’ennui.
Surtout, certains "kills" valent le détour et offrent des moments jubilatoires : une wakeboardeuse croqué en plein vol, un trappeur dévoré comme une volaille ( c. -à-d. sans les pattes ) ou encore un enfant gobé à l’Instar d’une crevette.
Enfin, je dois mentionner la b.o : un orchestre et un chœur qui surgissent dans les moments de tension, renforçant l’aspect kitsch et artisanal cher à l’écurie Corman. Ce retour assumé aux fondamentaux du cinéma de genre, avec ses bricolages visibles et ses audaces désinvoltes, donne au film un charme d’une autre époque. Ça c'est sympa à défaut d’être pertinent pour un sou !