Dinosaure
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Dinosaure

Long-métrage d'animation de Eric Leighton et Ralph Zondag (2000)

Superbe court métra.... Putain fermez vos gueules.

Une chose reste indéniable, les huit premières minutes de ce film sont sublimes. Huit minutes divisées en deux parties.


La première, nous propulsant dans des teintes pastelles et brumes veloutées parmi les lézards géants dans leur quotidien, nous offre une scène pour le moins apaisante de mères et leurs petits, d'immenses sauropodes déliant leurs coups titanesques à la surface des marais paisibles et de jeunes reptiles glapissant, courant de nids en nids pour extérioriser leur excès de vigueur. Puis l'un d'entre eux, petit parasaurolophus espiègle, sorte de Bambi d'un autre âge dont la curiosité n'a d'égale que l'insouciante témérité, s'égare loin du troupeau, dans les hautes fougères et sombres séquoias. Un râle rauque et sourd. Une vibration. Un filet de bave gluante. Un oeil jaune dans les ténèbres. Le silence soudainement rompu par le petit dinosaure déboulant de la forêt en beuglant, puis suit l'énorme carnotaurus, monumental carnassier destructeur, tank écailleux de dix mètres démolissant tout sur son passage avec une tronçonneuse vorace à sa première extrémité. La scène se termine sur les terrible mâchoires suggérées se refermant sur un infortuné cératopsien essoufflé. Superbe.
A ce moment là, il faut être honnête, et tu en conviendras, peu t'importe que le film t'ait montré quelques petites aberrations, comme un brachiosaure côtoyant un styracosaurus ou un iguanodon faisant face à un carnotaur, leur dizaine de millions d'années d'écart ne te dérangeant point, le cinéma t'a largement appris à rester indulgent avec ces quelques détails sans importance. Nan, t'en a rien à foutre. D'ailleurs t'en a jamais eu rien à foutre, tu cites ces petits aléas avec amusement, sans plus d'aigreur. Et tout ce qu'il y a à dire là, c'est que c'est juste très réussi comme mise en bouche.


S'en suit la seconde partie, extrêmement bien vue et mise en scène, où l'on suit la déambulation d'un oeuf perdu au fil de l'eau et d'éventuels ravisseurs affamés. Un couple d'oviraptors cocasses se disputera justement le précieux met, poussés par la faim, et on aura droit à une représentation absolument convaincante de l'animal, tant dans sa morphologie que dans son déplacement fluide et gracieux de gros poulet à bec de perroquet. Puis l'oeuf sera ballotté au fil du courant, avalé par un reptile aquatique puis recraché, interrompant un court instant les parades amoureuses de deux ankylosaures ou dansant entre les cornes de pachyrhinosaurus tumultueux avant de s'envoler entre les serres d'un ptéranodon avide. L'ensemble, tout à fait réussi et techniquement relativement beau, même aujourd'hui, propose une galerie d'images superbes sur une partition d'un James Newton Howard possédé par la grâce, alliant les envolées orchestrales avec des choeurs aux tons épiques. Splendide.


Là, on est à huit minutes du film. Alors pourquoi je ne parle que de ça ? Parce qu'après l'oeuf tombe dans les mains de lémuriens, et là, rien ne va plus... Ces saloperies ouvrent leurs gueules, et le film est foutu en l'air. Putain. La platitude du scénario aurait pu à la limite passer si les dialogues et autres échanges de bon procédés n'avaient pas flirté avec les abysses de la narration, montagne de pourriture atteignant son sommet dans le doublage de l'un des primates par Jamel. Dinosaure est un film qui souffre pleinement de cette nouvelle tendance "attrape-ados" qui veut que l'on remplace des comédiens de doublage par des comiques pour tenter de déterrer un peu de drôlerie de cette chienlit boueuse réalisée par des dialoguistes très peu inspirés, se reposant sur le "de toutes façon c'est pour des gosses". Alors je n'ai rien contre Jamel hein, je ne l'connais d'ailleurs pas vraiment, mais juste assez pour n'entendre que lui dans ce film, ne servant pas son personnage mais interprétant sa propre personne du début à la fin. Ça en fera marrer certains, perso, ça me gonfle bien. Le reste du casting tient lui la route et sait rester à sa place sans trop en faire, mais le vide de la répartie proposée ne les aide pas beaucoup. Fort heureusement, il reste le merveilleux, excellent, irremplaçable Richard Darbois (Harrison Ford, Jeff Goldblum, Bill Murray, Danny Glover, Biff Tannen, le Génie d'Aladdin, Buzz l'éclair et des dizaines d'autres), campant Kron, le chef rude, bourru et hargneux du massif troupeaux d'écailles dans sa migration ombrée de multiples dangers aux yeux brillant d'une lueur affamée.


Alors oui, je met 7 à ce film, ne serait-ce que pour la scène d'intro se passant sous couvert de cris bestiaux et de la musique de Newton Howard, pour la scène du désert également, encore une fois accompagnée d'une mélodie à tomber, à tel point qu'on se prend à rêver au même film en version "Fantasia", sans aucun échange oral, et enfin pour les reconstitutions très réussies des différentes espèces représentées, montrant pour la première fois à l'écran des iguanodons crédibles et des oviraptors attachants, ainsi qu'un couple de carnotaurus tout à fait splendide.


Le film parfait à montrer à un gosse, attendant qu'il ouvre de grands yeux fascinés devant les carnivores pour lui balancer "Tu verras, dans quelques années j'te montrerai un film où y a le même mais en vachement plus impressionnant, et tu le verras gober une chèvre et un tas d'autres trucs, patience petit, patience".

zombiraptor

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