Figure emblématique du cinéma de Martin Scorsese, ayant collaboré avec les metteurs en scènes américains et européens les plus influents de la seconde partie du XXème siècle, de Coppola à Cimino, en passant par Bertolucci, De Palma et Kazan, Robert De Niro n’est rien de moins qu’un monument vivant d’Hollywood. Mais depuis que le réalisateur de Taxi Driver s’est entiché de Leonardo DiCaprio, la filmographie de l’acteur n’a plus jamais été la même. Certains appelleront cela une lente descente aux enfers, d’autres un virage artistique risqué. Si les aventures de l’ami De Niro dans le cinéma comique d’outre-Atlantique se sont soldées par quelques franches réussites (Mon beau-père et moi et ses seconds rôles chez David O. Russell), le reste n’aura finalement été qu’une longue traversée du désert où le divertissement correct (Limitless, The Good Shepherd) a côtoyé l’abominable (The Big Wedding, Stone, Godsend).
DIRTY PAPY, rien que par son titre, semble de prime abord à classer dans la seconde catégorie. Pas que la libido du troisième âge soit un sujet inintéressant, mais on est en droit de douter des intentions de son cinéaste, Dan Mazer, rejeton de Ali G, et dont le sens de la subtilité n’est plus à prouver. DIRTY PAPY c’est donc l’histoire de Zac Efron, fiancé tout beau, tout souriant et de son grand-père, campé par un Jake LaMotta en rut, qui prennent la route et se retrouvent au beau milieu du spring break. Le voilà, le scénario du deuxième film de Dan Mazer. C’est bien entendu aussi ridicule que ça en l’air, et pendant une heure quarante c’est une succession de blagues en-dessous de la ceinture, qu’il s’agisse de flatulences ou de sexe, histoire de faire rire les collégiens.
DIRTY PAPY c’est un peu comme si Very Bad Trip et Là-haut avaient eu un enfant demeuré. Spectacle pseudo-hardcore hystérique, gratuit et idiot ; aucune vanne ne marche, chaque situation semble avoir déjà été vue cent fois, les personnages n’ont aucun intérêt, il n’y aucune mise en scène en-dehors de la démonstration inepte d’une débauche sans recul, dérision ou talent. Navet supplémentaire dans l’océan de comédies hollywoodiennes vulgaires tournées entre potes du Saturday Night Live et du Frat Pack, DIRTY PAPY a cela de plus qu’il ridiculise un acteur aussi indispensable que De Niro. Et finalement, même si le personnage principal n’est pas notre grand-père, l’effet est le même : voir cette icône, autrefois représentative des innovations apportées par le Nouvel Hollywood, coincée dans ce gangbang artistique ringard et vide de sens, perturbe et attriste.
Nul besoin de s’étendre pendant des siècles sur les qualités cinématographiques inexistantes de DIRTY PAPY. D’un côté, on n’est pas déçu : le produit fini ressemble à ce qu’on pouvait en attendre, et ce n’est guère surpris que l’on ressort d’un navet honnête qui, à défaut d’être une catastrophe absolue, se classera sans doute dans le panier des idioties que l’on préférerait ignorer. Pas que l’idée d’un De Niro dans une comédie lourdingue à l’humour Jackass ait toujours été répugnante, mais il est vrai qu’on a du mal à comprendre les motivations des producteurs. Probablement que voir Zac Efron péter sur scène devant une foule de filles en bikinis fait rire quelques spectateurs. On se demande encore lesquels.
Critique de Vivien pour Le Blog du Cinéma