Bon Disco, parce que, après tout, c'est quand même une bonne nouvelle pour le cinéma français. Faut bien le dire, ça fait un moment qu'on avait pas eu droit à une bonne comédie française, en dehors des bizarreries d'Éric et Ramzy et de la classe de Hazanavicius. Le duo que forme Dubosc avec Ontoniente depuis deux films en vient à me faire me demander si ce n'est pas tout bonnement l'émergence du numéro trois de la bonne comédie française qui a lieu sous nos yeux.


En effet, oubliées les tristement célèbres comédies du nabab français (citer les titres suffira à donner la nausée à n'importe qui : Jet Set, 3 zéros ou bien encore La Vérité si je mens, toutes avec l'insupportable José Garcia, fantôme français de Jack Black). Disco, au-delà de son aspect "à la mode" (sortie en plein milieu du revival disco de l'été dernier), raconte une histoire d'une finesse assez rare dans le paysage de la comédie française calibrée pour les deux millions d'entrées pour être signalé. Attention, n'allons toutefois pas crier au génie ici : si cette comédie semble légère comme un moineau face aux Francis Weber et aux Thomas Langmann, elle devient éléphantesque s'il s'agit de la comparer à nos compatriotes américains, les rois du genre.


Enfin, revenons au pitch. Soit Franck Dubosc, plantant Didier "Travolta", quarantenaire au chômage, aussi has been que fan de disco, vivant chez sa mère, dans un quartier du Havre, séparé de sa femme (une Anglaise) et de son fils, qu'il ne voit plus. Grâce à une vieille connaissance du monde de la nuit disco, Jean-François Jackson (Depardieu, enfin utilisé pour plus de deux minutes), il va avoir une chance de gagner un voyage pour deux vers l'Australie, occasion rêvée de revoir son fils pour un trip vers les kangourous. Pour cela, il lui faut gagner le Grand Prix disco et il va s'en employer en reformant les "Bee Kings", groupe qu'il formait avec ses amis à la grande époque. L'un est docker, syndicaliste et meneur de la grève en cours sur le port du Havre ; l'autre vendeur dans un magasin célèbre pour son contrat de confiance (très belle prestation d'Abbès Zahmani, alias "Neuneuil"). Pour se "remettre à niveau" en disco, Dider décide d'aller prendre des cours de danse avec France (Emmanuelle Béart).


Et c'est ainsi que se dessine le début d'une simili love story sur fond de disco et sur arrière arrière fond de problèmes sociaux (une grève, dont le seul véritable enjeu dans l'histoire est la présence d'un groupe de danseurs polonais, et une affaire impliquant des lits d'eau, occasion d'un cameo de Julien Courbet). Simili seulement parce que Didier tombera certes amoureux de la belle, mais n'arrivera jamais à rendre cet amour réciproque. C'est toute la force ici de Dubosc de parvenir à créer ce personnage inédit dans le paysage de la comédie française (mais si célébré aux États-Unis via Will Ferrell) du vieux resté jeune dans sa tête mais totalement déconnecté du monde, vu comme un looser par le reste de la société mais tout à fait humble. Et comme dans n'importe quel Will Ferrell movie (on pense beaucoup à A Night at the Roxbury, modèle tout trouvé de ce Disco), il va s'agir pour Didier de faire la part entre son rêve enfantin et sa vie réelle.


Évidemment, plusieurs défauts sont quand même à soulever. On pense ici surtout à deux choses : le cameo insupportable de Francis Lalanne, se lançant dans un monologue interminable et dans une chanson a capella dont on aurait carrément pu se passer ; et le rôle de François-Xavier Demaison, tout aussi imbuvable dans le rôle cabotinant du "méchant tout pas beau" frère de France.


Mais allez, ne boudons pas trop notre plaisir. Si Disco est encore loin de la perfection, il montre qu'Ontoniente et Dubosc ont trouvé leur voie, et ils cherchent du bon côté. En espérant qu'ils continuent à chercher par là, "pour toi public".

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le 18 déc. 2010

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