"Discount" avait, sur le papier, de nombreux atouts pour me plaire.
Le sujet, déjà. Un film qui dénonce les méthodes inhumaines de la grande distribution, qui montre des gens qui se révoltent et qui s'organisent, à priori, ça m'intéresse. De plus, choisir des acteurs peu connus mais sympathiques et plutôt talentueux comme Pascal Demolon ("Radiostars"), Corinne Masiero ("Louise Wimmer"), Olivier Barthelemy ("Sheitan"), Pablo Pauly ("Lascars") ou Hafid F. Benamar ("Platane"), c'est aussi un très bon point. Pour une fois qu'il n'y a ni Depardieu ni une autre star, ça fait du bien.
Hélas, le film ne va jamais plus loin que son pitch et surfe un peu de manière lourdingue sur le créneau "crise", "solidarité" et cie.
La description du travail en supermarché discount peut paraitre très précise, elle est pourtant très grossière, clichée et assez peu fidèle à la réalité (que j'ai connu puisque j'ai fait plusieurs stages en grande distribution). De même, les personnages sont souvent caricaturaux, bien que particulièrement développés pour un film de ce genre. La vision de la pauvreté qu'ont les réalisateurs semble assez superficielle. Cela m'étonnerait qu'ils y connaissent vraiment grand chose en matière de précarité, tant ils en rajoutent dans le pathos et dans le côté "misère" (les intérieurs des logements par exemple, le père aveugle, la mère célibataire en quête d'amour, la veuve dans sa ferme... Aucun personnage n'est épargné). Même la façon dont s'organise les vols et l'aménagement de l'épicerie solidaire est pleine de petites incohérences et d'éléments peu crédibles qui auraient au moins pu être drôles mais ne font pas vraiment rire.
Et c'est bien là le gros souci du film, c'est qu'il s'agit d'une comédie (sociale, à l'italienne, à la Ken Loach, peu importe) mais qu'elle ne fait pas vraiment rire. Les acteurs jouent pourtant juste, et certains dialogues (impros?) pourraient même parfois faire mouche, mais la comédie nécessite un rythme que le film n'a pas. La réalisation, alourdie par des maladresses et des effets tape-à-l'oeil ou faussement expérimentaux (le dernier plan par exemple, vraiment ridicule). Alors oui, j'ai souri une ou deux fois, peut-être même ai-je ri une fois (grâce à Pablo Pauly qui, je l'espère, devrait rapidement obtenir des rôles plus importants) mais, malheureusement, ça ne suffit pas à faire passer un vrai bon moment et, à l'instar de "La famille Belier", on a l'impression de voir un fourre-tout scénaristique né du cerveau d'un producteur cherchant à produire un "feel good movie" dans l'ère du temps.
S'il est vrai qu'on sort de la salle plutôt heureux (sûrement parce qu'on se dit que, finalement, nos vies ne sont pas si pourries que celles des personnages ^^), ce n'est pas pour le cinéma français qu'on l'est.
C'est d'autant plus choquant quand on lit les critiques, très positives, qu'a eu ce film (en même temps, "la famille Belier" c'était pire) alors qu'il est tout juste plutôt moyen. C'est vrai qu'il y a bien pire et que "Discount" a le mérite d'aborder un univers moins répandu dans le cinéma hexagonal que celui des bourgeois parisiens qui se trompent les uns les autres dans de beaux appartements haussmanniens. Et, comme l'ont souligné certains, le scenario n'est ni manichéen ni angélique et les "héros" ont de nombreux défauts, au même titre que celle qui devrait être la méchante (la directrice du magasin, interprétée par Zabou Breitman, fidèle à elle-même) est également plutôt sympathique et a aussi ses problèmes.
Mais quand même, difficile d'être complètement emballé. Surtout que le film utilise une structure soi-disant originale, puisque la scène de début est censée être la fin, sauf que la fin la contredit et nous laisse sur notre faim, justement.
En fait, ce qui m'a le plus dérangé est le côté trop mis en scène, une façon de filmer et de monter quasi-documentaire qui ne colle pas avec des dialogues très écrits, et des personnages trop stéréotypés.
Bon, pour un premier film, on excusera les quelques défauts techniques et les maladresses, mais quand même, je ne conseillerai à personne d'aller voir ce film au cinéma. Ce n'est tout simplement pas du cinéma. Ou alors du cinéma... Discount.