Comment être objectif face à l'adaptation de ma saga préférée ?
Ahhh le Disque-Monde de Terry Pratchett ! Ses annales sont mes livres préférés et je ne cesse de m'émerveiller, à chacune de mes lectures, devant cet univers haut en couleurs et tellement attachant. Lire une annale du Disque-Monde c'est entrer directement dans un univers d'Heroic Fantasy à la fois bourré d'humour mais également parodique et satyrique. Terry Pratchett n'est pas l'auteur britannique le plus populaire de Grande Bretagne pour rien. C'est un maître de l'imaginaire et je l'aime de tout mon coeur. De ce fait, avoir visionné le film qui reprend les deux premiers tomes, "La huitième couleur" et "Le huitième sortilège", me laisse avec un sentiment mitigé.
Est-ce que c'était bien ? Est-ce que j'ai aimé ? Est-ce que je peux le recommander ?
Difficile à dire.
Ce film, qui était à l'origine une mini-séries de deux épisodes de 90minutes, est fidèle aux livres. Indéniablement. On retrouve tous les protagonistes des livres, de Rincevent à Deuxfleurs, en passant par le bibliothécaire ou le Seigneur Veterini, ainsi que l'écrasante majorité des évènements qui jalonnent les deux oeuvres. Pratchett oblige, ce sera donc une formidable fuite en avant où Rincevent et le premier touriste de l'histoire du Disque-Monde, Deuxfleurs, croiseront des golems, des barbares, des wyvernes, des astrologues, des mages mégalos ou encore une malle munies de centaines de pattes. C'est varié, c'est chargé, c'est bel et bien le Disque-Monde !
Mais voilà, si le film est fidèle aux livres, il est loin de leur faire honneur. Lire un Pratchett c'est quelque chose d'unique. C'est apprécier un livre pour les descriptions et les digressions car la plume de l'auteur est ingénieuse et complètement folle. Or ici, il est impossible de retrouver tout ça. On a les éléments bruts mais pas la magie et l'humour qui les accompagnent dans les livres. C'est un peu comme si vous vous achetiez la dernière console HD à la mode et que vous y jouiez sur un télé cathodique de 18 pouces. C'est fade et terne. Ca donne une impression du gâchis. C'est l'effet que m'a fait ce "Discworld"...
Pratchett exploite à fond le background de l'Heroic Fantasy et son imagination n'a aucune limite. Le budget de cette production en a une. Et ça se ressent. On sent qu'il y a eu des efforts faits au niveau de la direction artistique mais c'est bien trop insuffisant pour embarquer un spectateur qui ne connaîtrait pas les livres. Le rendu est kitsch et les acteurs, parfois en roue libre totale, n'aident en rien. Le casting est pourtant sympa ( Jeremy Irons, David Bradley, Sean Astin et Christopher Lee qui prête sa voix à La Mort) mais les prestations sont trop légères. Tout comme l'écriture. Dommage.
Au final, la chose qui sauve ce film à mes yeux c'est uniquement le fait que je sois un fanboy. J'ai revu l'intégralité des deux premiers tomes des Annales mais je les ai revus à travers mes souvenirs de mes lectures. J'ai certes grincé des dents quand certaines vannes tombaient à plat à cause du combo "manque de moyens + acteurs peu convaincants + écriture paresseuse" [ouille, ça c'est un gros combo qui tâche !] mais paradoxalement j'ai apprécié l'effort de vouloir rendre hommage aux livres fondateurs de cette saga.
Pour conclure et pour résumer, je déconseille ce film/cette mini-série à ceux qui ne connaissent pas la saga littéraire. C'est, pour moi, une aberration de de s'initier au Disque-Monde via ce medium quand on peut facilement se procurer les bouquins de Terry Pratchett et découvrir par la même occasion une plume unique, drôle et irrévérencieuse. Pour les autres, ceux qui connaissent les livres, vous pouvez jeter un coup d'oeil. Vous serez probablement déçus du résultat mais si le souvenir de la lecture des premiers tomes n'est plus très frais dans votre esprit, alors ça fera office de dépoussiérage.
OOOK !!!