Une claque. Un film qui fait réfléchir. Une œuvre forte et déchirante. Un moment intense qui vous retourne le bide. Des instants déchirants qui vous mettent les larmes aux yeux. « Richelieu » c’est tout cela à la fois, un long-métrage en forme d’uppercut social et probablement le meilleur film québécois vu cette année alors que la concurrence était rude, rien qu’avec cet été, du sublime « Les hommes de ma mère » au suspense singulier et maîtrisé « Les chambres rouges ». Ici, on est dans un pur film social sur le monde du travail au Québec et au sein d’une niche en particulier : celle des exploitations, qu’elles soient agricoles, en usine ou autre, et des travailleurs immigrés qui viennent y travailler à cause du manque de main-d’œuvre. On pense fortement à un autre film de la Belle Province sur le sujet, « Les Oiseaux ivres » qui avait été sélectionné pour représenter le Canada aux Oscars mais qui versait plus dans le contemplatif et nous avait bien moins touché et impacté...


Avec « Richelieu », rien à voir. On est dans du cinéma réaliste au plus près des personnages et de leurs préoccupations. Il y même un gros air des frères Dardenne dans la façon de filmer de Pier-Philippe Chevigny, avec une caméra nerveuse qui suit les traces de ses personnages. On est au cœur des excès du capitalisme et de ses conséquences et le constat est édifiant. De manière logique et par une démonstration tout sauf démagogique, le long-métrage nous montre comment l’exigence de toujours plus de profits demandés par les actionnaires et les dirigeants entraîne les directeurs d’usines (ici remarquable Marc-André Grondin) à passer outre la morale et la décence. On voit donc un patron embaucher des immigrés sud-américains à moindre frais et les faire bosser dans des conditions précaires et intenses. La domination verticale synonyme d’exploitation humaine est dépeinte ici de manière implacable et le résultat fait froid dans le dos. Pire, il nous sidère et en ce sens, « Richelieu » est une œuvre coup de poing presque proche du documentaire.


La justesse de traitement est notable, le film ne sombrant jamais dans le manichéisme bien que la charge contre ces pratiques de gestion de personnel soit implacable et équivoque. En une heure trente top chrono, « Richelieu » nous montre par une multitude de petites séquences ce qu’est l’esclavage moderne. Dans le rôle principal, Ariane Castellanos est incroyable et c’est à travers ses yeux (qui sont les nôtres) que l’on découvre l’horreur de ces conditions de travail. Une séquence à l’hôpital nous broie le ventre tellement elle est insoutenable et dégoutante mais qu’en même temps elle cristallise bien les dérives de cette manière de faire travailler l’humain au nom du profit. Ce qui va en découler nous rend furieux et on est pleinement investi dans le sort des personnages, ces travailleurs exploités consciemment qui se font complètement bousiller la santé dans des conditions indignes pour un salaire de misère. « Richelieu » est donc un sacré pamphlet social que ne renierait pas un Stéphane Brizé ou un Ken Loach et pour un premier film c’est un coup de maître. Quant à la séquence finale, belle et déchirante, elle termine le film sur une belle note d’humanité. Une œuvre forte et nécessaire, bravo!


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JorikVesperhaven
9

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le 2 sept. 2023

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Rémy Fiers

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