Si l'on en croit le premier film de Neil Blomkamp, adapté de son court-métrage "Alive in Joburg", notre première rencontre avec une civilisation extra-terrestre ne serais pas franchement placée sous le signe de la joie et l'allégresse. Pas de spectacle son et lumière à la Jean-Michel Jarre, pas de pokes musicaux et encore moins de partouzes inter-espèces. Juste une paranoïa galopante rapidement suivie d'ostracisme et d'entassement des nouveaux arrivants dans des bidons-villes insalubres.
Sud-africain d'origine, le cinéaste se sert bien évidemment de ce point de départ comme parabole de l'état alarmant dans lequel se trouve encore sa patrie natale. A travers l'anticipation, Blomkamp dénonce la corruption, la mainmise des gangs et la privatisation de certains grands groupes, ainsi que la brutalité policière et l'incompétence des institutions. Un propos pas toujours très subtile, mais qui a le mérite d'exister et qui fonctionne plutôt bien.
Construit dans un premier temps comme un documenteur suivant le relogement des "crevettes" dans un autre district censé respecter davantage les règles d'hygiène, entrecoupé d'interviews, "District 9" abandonne plus ou moins cette construction au bout d'une demie-heure pour un récit plus conventionnel. A savoir la métamorphose aussi bien physique que psychique d'un fonctionnaire stupide et bas du front, qui sera amené à voir le problème sous un angle bien différent.
Si l'ensemble perd du coup en originalité, la mise en scène énergique et alerte de Blomkamp, couplée à une production design et à des effets spéciaux étonnants (à deux ou trois plans près), font de "District 9" une série B percutante et humaniste, à mi-chemin entre les univers de James Cameron et David Cronenberg, s'achevant même sur un ultime plan carrément émouvant.
C'est également l'occasion de découvrir un excellent comédien en la personne de Sharlto Copley, tout à la fois crispant, pitoyable, drôle, mais au final attachant en homme traqué dépassé par les évènements.