District 9 par Alexandre Godard
Fiction ou documentaire?
Blanc bonnet ou pas, Neil Blomkamp nous largue une bombe comme c'est pas fréquent d'en voir. Si McTiernan avait réussit à faire une long métrage filmé comme un documentaire avec "Une Journée en enfer", sa relève est assurée. District 9 est le premier film a réussir une telle alchimie des genres. Entre vrai/faux docu sur un homme pas forcément sympathique, et fiction de SF basé sur l'Histoire (en Afrique du Sud, avec l'Apartheid et son District 6 (quartier "blanc" du Cap, dynamique et économiquement fort fondé en 1966, un quartier dont les non-blancs ont été expulsé, et raser en 1996), le film trouve un équilibre impressionnant. Surtout que ce film a été tourné en Afrique du Sud.
En débutant sur un ton volontairement explicatif documentaire, avec interview à l'appui, le spectateur est immergé instantanément. Les scènes se suivent sans temps mort jusqu'à la fin, entraînant et faisant subir les pires horreur à un homme qui n'a rien demandé de ce qui lui arrive. Le film est très manichéen, et pourtant, son approche réaliste rend certaines scènes glaçantes de réalisme. Neil Blomkamp réussit à donner à son film une empreinte documentaire qui sait prendre du recul pour éviter les effets grand-guignol. Le besoin de réalisme a poussé le réalisateur à aller tourner dans un bidonville. Jusqu'à une conclusion qui laisse un goût formidablement amer. Entre une histoire simple et percutante, évocatrice en diable, une réalisation exceptionnelle (attention, la caméra porté est omniprésente, ceux qui déteste ça auront mal au crâne), des effets spéciaux qui n'ont rien à envier aux blockbuster estivaux (mais alors RIEN), District 9 se pose là, comme un film appelé à devenir culte. Et dire qu'il n'a coûté que 35 millions de dollars (5 fois moins que Transformers...) et que c'est mieux fait.
Rappelons que Neil Blomkamp était pressenti pour faire l'adaptation de Halo au cinéma. Il y a des studios qui regrettent…