Je ne mettrai pas dix. Strict neuf.
Les arthropodes ont la côte en SF. Je pense notamment au fameux extraterrestre surnommé "homard" du livre Blind Lake de R.C. Wilson, mais les invertébrés à pinces on souvent inspiré la création d'Aliens et autres monstres, les fonds marins s'apparentant plus à l'inconnu, ou quelque chose morphologiquement éloigné du corps humain.
District 9 est la preuve définitive que les crustacés auront toujours leur place dans la science fiction.
Si ce n'était pour ses poncifs agaçants qui vont à l'encontre de la volonté réaliste du film, j'aurai mis 10/10. Depuis l'invention du cinéma, trop rares sont les films SF m'inspirant vraiment le respect, et celui-ci vient s'inscrire dans leur lignée.
Pour taper dans le comparatif, ce film m'évoque trois oeuvres: Starship Troopers de Verhoeven, la trilogie "immortel" de Bilal et La Mouche de Cronenberg. Sans pour autant jouer dans le même registre, bien sûr.
Les humains sont tous plus détestables que les autres, et le protagoniste est l'un des meilleurs anti-héros imaginables que j'ai jamais vu au cinéma.
Bizarrement, l'on ressent vite de l'empathie envers les "crevettes", qui ne sont pourtant pas particulièrement gentils. Blomkamp parvient à nous faire aimer ces créatures, qui nous font plus de peine que notre propre espèce... Ce retournement de point de vue est certes plus subtil dans Starship Troopers, mais le ressenti est pour moi le même vis à vis des deux films.
L'humour noir y est aussi peu accessible (quand je l'avais vu en salle, j'étais le seul à rire): les expériences menées sur les aliens à la fin de Starship Troopers ont le même taux de cruauté à la fois dérangeante et risible que celles de District 9, et que dire de la scène où les bébés sont brûlés au lance-flamme, et que le type, hilare, compare ça à du pop-corn...
Digne successeur de Starhip Troopers donc, pour ce qui est des différents degrés de lectures qu'il contient:
1er degré: Un film d'action original, épique et prenant.
2ème degré: Message politique, humour noir, expressionisme camouflé en blockbuster.
Le héros qui s'en prend plein la gueule, le vaisseau statique au dessus de la ville et les personnages caricaturaux rappelent Bilal (mais peuvent rappeler beaucoup d'oeuvres de SF selon vos repères dans le genre)
Comment ne pas penser à la mouche, quand on voit le pauvre homme perdre ses ongles, et muter peu à peu?
On parle beaucoup de la vision de l'apartheid, qui reste un élément majeur du film et son message principal, mais selon moi, la transformation que subit l'homme est également très intéressante, et très pessimiste: à croire que le seul moyen pour qu'un connard fini devienne tolérant soit qu'il soit littéralement dans la peau de l'autre.
La forte sensation d'immersion vécue en salle, les effets spéciaux bluffants, l'introduction en faux documentaire, les scènes d'action justifiées, l'ambiance de Johannesburg et l'esthétique travaillée font le reste.
Mariant leçon de tolérance sur des problèmes plus actuels que jamais et divertissement de haut vol, ce film, c'est de la vraie SF. Un bijou.
Il y a d'autres choses à en dire, mais ne voulant pas réitérer ce qui a déjà été fait mieux que moi, je vous invite à lire les superbes critiques de deux de mes éclaireurs:
L'ami Gothic parle de l'optimisation du budget et de la sincérité du récit:
http://www.senscritique.com/film/District_9/critique/11405978
Le talentueux Jambalya explique l'amalgame avec l'apartheid et l'angle humaniste:
http://www.senscritique.com/film/District_9/critique/27516384
Pourquoi je n'ai pas noté 10:
https://www.youtube.com/watch?v=ODGosDuLvwE