Il y a des réalisateurs qui ont 100 millions de dollars pour faire un film, et qui nous éructent une bouse intercosmique (James Wong, mon amour!).
Et il y en a qui n'ont que 30 millions de budget... Et qui font pourtant des putains de films!!!
Neill Blomkamp est de ceux-là avec District 9, un film que vous vous devez d'aller voir si vous aimez la science-fiction et les films d'action. Coaché par Peter Jackson ( son nom apparaît dès le premier écran), Blomkamp signe un coup de maitre avec sa première réalisation.
Film tourné via divers points de vues, comme à la manière d'un documentaire, d'interview de témoins, de points de vue de caméras de surveillance ou de chaines d'information en continue, voire même de manière « officielle » ( la télé du MNU), il n'en oublie toutefois pas sa dimension cinématographique. C'est fluide, et cela passe d'un point de vue à un autre sans que nous ne nous en rendions compte. Sans compter les effets spéciaux, bluffants et utilisés à bon escient
Mais le scénario ajoute à l'excellence du film, lui donnant une résonance directe avec l'Histoire moderne.
Les extra-terrestres ont débarqué au dessus de Johannesburg il y a 28 ans . L'énorme engin spatial fait maintenant partie du décor et personne ne s'en étonne. Les aliens, quant à eux, ont été parqués dans une camp provisoire, le District 9, qui est devenu un bidonville permanent. Le MNU , chargé de surveiller les « crevettes » ( nom péjoratif donné aux visiteurs), ne sait pas quoi en faire et décide, un beau jour, de les déplacer car ils nuisent au bon développement de la ville.
A partir de là, on pourrait penser que l'on va assister à un pitch déjà vu et revu des gentils humains qui luttent contre les aliens belliqueux qui en réalité veulent envahir la Terre.
Sauf que non. Ici, Blomkamp nous incite à prendre progressivement parti pour les aliens. Et il est vrai qu'à les voir, dans le film, ils n'ont rien de belliqueux, à part peut-être leur apparence qui n'incite pas au dialogue tellement ils sont laids...
Le film est en réalité une confrontation entre deux peuples qui ne se comprennent pas et qui ne veulent surtout pas se comprendre.
Dénonçant l'intolérance, l'exploitation, la pauvreté extrême, la désinformation d'Etat, le profit et la cupidité humaine, ce film est un véritable coup de poing dans le genre. On se demande même qui a le plus d'humanité : les humains ou les aliens ?
Le film laisse, jusqu'au dernier plan, la réponse libre au spectateur. Mais le film montre aussi comment un prédateur devient une proie...pour ses propres congénères. Mais c'est cela qui rend également le film humain.
Ce long métrage, bien qu'empruntant des idées chez d'autres maitres du genre, en a également d'excellentes.
Blomkamp signe ici le miroir d'un pays qui a toujours du mal à se regarder dedans.
Et ça, c'est fort, pour une première fois...