C'était avec un mélange confus de sentiments qu'on attendait Divergente. Excitation, curiosité, envie, mais peur également, peur que l'un des plus grands chefs-d’œuvre de dystopie contemporaine et de la littérature jeunesse soit transformé en film à grand spectacle sans intérêt. Il n'en est rien.
Pour aller voir le film, il fallait d'abord survivre aux haters qu'on pouvait voir ces dernières semaines fleurir sur Senscritique ou ailleurs : « Dix verges entrent, hihihi », « Encore un Twilight-like pour adolescentes pré-pubères, houhouhou », bref, les haters haïssaient le film avant de l'avoir vu, et, après l'avoir vu (pour peu qu'ils aient fait cet effort), haters gonna hate, so much.
Pourtant, ça commençait assez mal. Neil Burger tombe, très rapidement, dans les pièges classiques de l'adaptation de ce genre de romans, en cherchant à expliquer à outrance le contexte, pour ceux qui n'auraient pas lu le roman. Certes, il ne faut pas les noyer non plus, mais bon, Neil, tu pousses quand même le bouchon un peu trop loin pour le coup...Cependant, on est quand même satisfaits de quelques points, d'entrée : la musique est magnifique et certains plans très beaux.
Après une intro assez longue, donc, on peut enfin rentrer dans le vif du sujet. Et là, c'est une réussite. Le film est aussi épique que le roman, et tient en haleine pendant deux heures et demie, qu'on ne voit pas passer. Shailene Woodley réalise une performance correcte, pas sensationnelle, mais très fidèle au personnage de Tris Prior, quant à Theo James, il s'approprie parfaitement le personnage de Four (Quatre), et parvient à le réinventer de manière surprenante mais assez plaisante. Au passage, Kate Winslet fait une apparition sympathique, même si j'aurais aimé voir plus ressortir le côté diabolique de Jeanine Matthews.
Quelques changements (mineurs) dans le scénario sont néanmoins superflus, et il est vrai que, durant les trois quarts du film, on a du mal à se détacher du roman, car, si le film est aussi haletant, il apparaît de prime abord moins poussé sur le plan psychologique, ce qui, dans une certaine mesure, s'explique par le fait qu'on peut faire moins en deux heures et demi de film qu'en centaines de pages... C'était sans compter sur la dernière demi-heure. Le film y atteint une apothéose, soulignée une fois de plus par de très beaux plans.
C'est donc un pari réussi pour Neil Burger qui réalise une adaptation fidèle mais suffisamment détachée du chef-d’œuvre de Veronica Roth, ponctué par un peu de « gnan-gnan bien fait », ce qui pourrait déplaire à certains mais que j'adore, à titre personnel. Oui, Divergente est un film pour la jeunesse. Non, ce n'est pas un film pour adolescentes pré-pubères. C'est un film pour la jeunesse...Et un modèle du genre.