Cannes semble s’être découvert un nouveau pouvoir politique incisif: Jacques Audiard l'année dernière ghéttoisait une famille tamoule fictive et remportait la plus haute distinction, Houda Benyamina va encore plus loin et starifie des gamines de banlieue en nouvelles Tony Montana des quartiers. Pas de Palme à son palmarès mais une Caméra D'or qui gargarise bruyamment sa scénariste et réalisatrice, forte d'un discours remarqué et commenté par tous les spécialistes. Vouloir braquer les projecteurs azuréens sur la misère sociale et sentimentale de ses habitants partait à n'en pas douter d'une très bonne intention.


Elles ne sont hélas ici qu'au service d'un film putassier, ou les quelques rares qualités sont facilement effacées sur l'autel d'une idéologie rance. Ou comment le proxénétisme et le deal deviennent les meilleures armes d'une jeunesse en déshérence. L'argent à tout prix quand l'école et la République refusent l'égalité des chances à ses enfants bâtards, un bien beau programme qui ne nous épargne aucun des chausses trappes attendus. Premièrement une représentation de la cité égale aux pires favelas brésiliennes, une imagerie que ne renierait pas Fox News. Deuxièmement un clivage raciale vu sous le seul angle d'une lutte pour le pouvoir entre "beurs" et "blacks" pour éviter de poser une problématique sociale autrement plus complexe. Troisièmement une religiosité factice qui pose un premier plan fugace sur une Mosquée au sortir d'une prière et un denier plan incendiaire ou le monstre rapace vaincu par ses démons prie en croix sur une musique Évangélique: entre les deux une esbroufe totale ou les Djinns parlent aux futures missionnaires et ou les Sonnâtes font office de cache misère sur la pauvreté du discours.


Et enfin, la note finale hystériquement démagogique qui nous renvoient à des images d'émeutes pas si lointaines (quelques plans l’annonçaient précédemment) pour dégueuler la haine de l'autorité de cette France inégalitaire. L'énergie des comédiens et le charisme de l'actrice principale ne peuvent pas grand chose face à ce désastre, pas plus que l’idylle naissante entre les deux tourtereaux. Il y'avait pourtant beaucoup mieux à faire avec ce corps musculeux dont la rage et la rugosité auraient pu être une superbe métaphore de l'envie d'élévation sociale avec de bons arguments scénaristiques. Les réactions extrêmes à l'encontre de mon avis personnel ne sauraient tarder.....

Sabri_Collignon
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes les films les plus surestimés et Les pétards mouillés

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le 9 sept. 2016

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