Banlieue-land
Le cinéma français contemporain, d’Audiard (Dheepan) à Sciamma (Bandes de Filles), tente de construire un regard sur la banlieue. Il cherche à s’accaparer cet univers qui, pour beaucoup, à commencer...
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Si on excepte le fait que la réalisatrice est sans doute la personne sachant le moins faire de l'autopromotion étant donné sa vulgarité et son comportement à chacune de ses interventions, notamment à Cannes (pas que je sois pour la complaisance, les petits fours, etc, mais il y a une limite à l’indécence et au manque de respect), le film n'était pas si mal... et pourtant je pensais détester. Non ce n'est pas bande de filles, ça n'a même pas l'intelligence de montrer du quotidien et de la simplicité de Fatima sorti l'an passé et ce n'est sans doute pas du Kechiche. C'est un absolument bâtard, quelque part ça me rappelle plus le très mauvais Dheepan qu'un bon film. Parce que comme Dheepan c'est inspiré des mêmes films, d'une vision ce cinéma social là se confond avec un film de gangster américain... d'ailleurs la volonté de ses héroïnes est la même que dans Scarface : le fric...
On a des personnages qui rejettent tout ce que l'état met en place pour eux, tout ce que la République met en place, parce que ça ne convient pas à leurs délires matérialistes, à leur envie du fric facile, à leur envie de vacuité matérialiste... ils se croient meilleurs, ils se croient plus malin, pouvant contourner le système, devenir riches et puissants sans culture, sans avoir, sans aide... quelque part c'est du darwinisme social, la sélection naturelle... tu es trop con pour comprendre que le modèle républicain t'offre une porte de sortie, pas des plus glorieuse, on ne va pas se mentir, il s'agit d'aller faire hôtesse d'accueil, et bien tant pis pour toi... de la même manière que si jamais tu es trop con pour comprendre que manger des kebab toute la journée ça te tue... ben tant pis pour toi... sélection naturelle... ou même que si jamais tu t'en prends aux représentants de l'état, le jour où tu auras besoin d'eux, ils ne feront rien pour toi... sélection naturelle... tu as beau rager ensuite, ça ne changera rien... spirale infernale... plus personne ne fera rien pour toi... tu resteras un laissé pour compte... un dégât collatéral... un inadapté...
Le film ne dit pas exactement ça, parce que comme dans qu'Allah bénisse la France, il essaye de prendre le point de vue de cette jeunesse désœuvré, mais la réalité du problème reste là... ce qu'il montre c'est ça... sauf que la sortie par le haut il n'y en a plus (le rap dans qu'Allah bénisse la France, Marivaux chez Kechiche) ils ont laissé passer leur chance il y a longtemps...
La fin du film est assez claire là-dessus. Il n'y a pas de solution, juste une spirale infernale.
Pour les filles la seule solution de s'en sortir c'est d'être jolie et c'est par la fesse... lorsqu'elles ne laissent pas passer leur "chance". Finalement Yopougon ou bien la banlieue c'est la même chose, l'émancipation sociale en se trouvant un mec riche est parfois la seule solution pour échapper ou pour sortir de la médiocrité.
Par contre le film reste assez lourd dans sa mise en scène, dans ses effets ce qui fait que ce qui devrait fonctionner naturellement, de manière fluide pour renforcer le liens entre les personnages, l'amitié, l'amour, ne fonctionne qu'à moitié et c'est bien dommage. Certes la fin est assez émouvante, jusqu'à qu'on nous balance la musique... plutôt que de filmer un quotidien ici la réalisatrice préfère user et abuser des effets de style pour faire comme dans les films de gangster (je pense à la scène où la chef du gang montre où l'héroïne va devoir vendre sa drogue), montrant qu'on est dans la fiction et pas dans un film parlant de la réalité des gens...
Dommage...
Créée
le 14 déc. 2016
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