Paradis perdu
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le 6 oct. 2015
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En allant à Deauville, j’avais décidé de ne regarder aucun pitch des films en compétition, car étant donné que je voulais tous les voir autant se garder toutes les surprises que chaque film pouvait offrir. Malheureusement pour Dixieland, la surprise fût la déception générale face à un film dont l’affiche m’inspirait confiance. Car le film de Hank Bedford a vraiment tout du cliché du film indé américain et ne propose quasiment jamais rien d’autre que ce qui a déjà été fait.
Dans le scénario déjà, on en vient vite à craindre un chemin balisé de bout en bout : un jeune homme sort de prison après une tentative de meurtre et tente de mener une vie à l’écart de ses magouilles d’avant. Tout ça, dans une petite bourgade du Sud des Etats-Unis, un pur repaire de rednecks où la drogue est le principal moteur de revenus faute de mieux. Evidemment, le jeune homme va tomber amoureux de sa jolie voisine en deux jours top chrono, qui bien sûr a des problèmes d’argent à cause de sa grand-mère malade, et que le jeune homme va bien sûr se porter garant en faisant une dernière opération dangereuse mais rapportant du fric (mais bon, après celle-là il arrête, ça devrait bien se passer non ?). Evidemment, ça ne se passe pas bien, et nous voilà quasiment à la fin du film.
Non non, je ne déconne pas, le film se passe vraiment comme cela. Visiblement, le réalisateur dont c’est le premier long métrage n’a pas cherché à produire une histoire déviant un minimum les clichés du genre, à créer des personnages différents du jeune taulard au grand cœur et de la jolie voisine un peu perdue mais forte de caractère. Mais le pire, c’est qu’il s’est permis un enrobage formel encore plus cliché et lourdingue, à base de plans de coupe sur des arbres en contre-plongées, des oiseaux qui volent et autres flashbacks mémoriels de quelques secondes sur la vie du couple. Tout ça bien sûr sous fond de musique minimaliste composée de trois accords de pianos répétés sans cesse. Du mauvais Malick, on pourrait dire (certains diraient du Malick tout court mais je ne suis pas aussi mauvaise langue).
En fait, deux choses sauvent le film du navet, et deux autres lui donnent à mes yeux un peu de sympathie. Pour les deux premières, c’est d’une part la présence d’une fin légèrement surprenante et plutôt bien menée (qui, presque à contre-coeur, a failli provoquer chez moi un soubresaut d’émotion), et d’autre part quelques irruptions à priori documentaires avec des témoignages de la vraie vie de quelques habitants de la ville. C’est d’ailleurs curieux à quel point les personnages créés par Bedford sont banals alors qu’il avait une matière d’origine visiblement extrêmement riche.
Pour les deux autres détails sympathiques, il s’agit déjà de la ressemblance thématique avec la série Friday Night Lights que j’adore, et d’une trouvaille de mise en scène cohérente avec le film : celle de transcrire les textos échangés en voix-off. Mais ça ne permet pas de rattraper le ratage du film sur bien des points, beaucoup trop pour me donner envie de vous recommander ce film.
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Créée
le 8 sept. 2015
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