Je dois dire que je suis un peu surpris car ce film détonne beaucoup avec le reste de la filmographie de l’auteur de Pulp fiction ! Certes, il y a la musique, il y a quelques dialogues sympa (celui où Reda Kateb parodie Clark Gable), il y a de la violence de la part des nazis, un peu dans le prolongement d’Inglorious Basterds, mais la mise en scène est d’un conventionnel, on se croirait dans un film français !


Blague à part, si le film n’est pas déplaisant à voir, on en sort un peu déçu. Sur le plan musical, pas grand-chose à dire, c’est très agréable, le spectateur découvrant Django Reinhardt devrait avoir envie d’approfondir sa découverte de l’univers de ce musicien de génie. Les scènes musicales, nombreuses, sont plaisantes, là où l’on s’ennuie parfois devant ce type de scène qui peut facilement s’éterniser. Ce n’est pas du tout le cas ici, même si le reste du récit n’a rien d’exceptionnel.


Le choix de se concentrer sur la vie de Django Reinhardt entre 1943 et 1945 est intéressant, car ce sont des années décisives dans sa vie personnelle, mais aussi, bien sûr, en ce qui concerne le drame qui touchera les populations tsiganes. Il s’agit ici de présenter la trajectoire particulière de Django, liée à son statut particulier, dans le cadre de la tragédie du génocide d’une population laissée à son triste sort, même par les résistants (qui font toutefois bien ce qu’ils peuvent).


Là où le bât blesse, c’est que le scénario fait le choix d’ajouter du drame au drame, de la tension, mais l’histoire qui nous est racontée est peu crédible, on en fait trop : si le contexte général est plausible, l’histoire telle qu’elle nous est présentée est un peu difficile à avaler, la réalité est souvent plus banale, et tout ça est confirmé lorsqu’on on apprend que le scénariste a pris énormément de libertés par rapport à ce qui est arrivé à Django Reinhardt. Comme s’il fallait accentuer le poids de ses difficultés. Etait-il nécessaire de le faire s’enterrer sous la neige pour éviter les chiens allemands, lors de son passage de la frontière entre la France et la Suisse ? J’en doute, et c’est bien dommage, cela nuit à la crédibilité de l’ensemble. Si la totalité du film avait été conforme à celle de l’émouvante scène de fin, lDjango aurait été d’une autre ampleur. Le détail des aventures avec la résistante incarnée par Cécile de France ou des histoires de marchandages autour d’un concert destiné à masquer le passage d’un prisonnier britannique en Suisse étaient sans doute dispensables. La sobriété est une qualité essentielle dans ce type de film. C’est dommage car on avait là un biopic équilibré, où l’on ne montrait par Django uniquement sous une image positive.


Malgré ces réserves, la musique et la superbe interprétation de Reda Kateb valent le détour : s’il y a un certain nombre d’éléments qui peuvent agacer, le film mérite quand même qu’on y jette un œil, ne serait-ce parce qu’il ne faut pas oublier le destin tragique des Tsiganes, qui sont aujourd’hui discriminés partout en Europe, quand ce n’est pas pire. L’indigne est encore là et il n’est jamais inutile de rappeler les folies du passé…

socrate
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le 8 mai 2017

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