Il était une fois l'âge d’or du western spaghetti

En tant que cinéphile, il y a des genres qu’on apprécie énormément. Il y en a que j’aime beaucoup comme l’horreur, le polar, la science-fiction, les films sur la boxe…. Mais s’il y en un genre que j’aime en particulier, c’est le western italien, dit le western spaghetti. Un genre où je tombe sur des bons films, en plus des chefs-d’œuvre de Sergio Leone. Un genre qui a inspiré certains réalisateurs comme un certain Quentin Tarantino (ce dernier étant un de mes réalisateurs préférés) . D'ailleurs, quand j’ai découvert les westerns de Sergio Leone, je sentais bien que Tarantino s’en était beaucoup inspiré. Et on va parler aujourd’hui d’un film qui a vraiment inspiré notre Tarantino.



Salut la Cie ! C’est Benji. Et aujourd’hui on va enfin parler de mon genre préféré. Et malgré mon retard, je tiens enfin ma promesse à mes quelques confrères. Sortez vos colts, vos chapeaux noirs et vos cercueils, on va parler de Django.



Bande annonce française, italien et anglaise



Avant de commencer la critique, un p’tit contexte à mettre en place. En 1964, un certain Sergio Leone a sorti Pour une poignée de dollars avec un très jeune Clint Eastwood, un western italien qui a marqué l’histoire du cinéma. Même si avant ce film, il y avait des déjà des westerns européens qui étaient apparus, et qui étaient plus des westerns s’approchant beaucoup des westerns classiques américains, le film de Leone se démarque beaucoup, en s’inspirant cestes des westerns américains mais en ajoutant un peu d’humour ( voir même de l’humour noir ), et en un peu plus violent et plus baroque. Et sans oublier les magnifiques partitions d’Ennio Morricone. Le film a eu un si grand succès que Leone a réussi à faire d’autres westerns qui sont devenus des œuvres importantes dans l’histoire du cinéma : …. Et pour quelques dollars de plus, Le bon la brute et le truand, Il était une fois dans l’ouest et Il était une fois la révolution. Avec ses westerns, Sergio Leone a inspiré également d’autres réalisateurs italiens pour faire d’autres westerns spaghettis, comme Sergio Sollima, Damiano Damiani, Antonio Margheriti, Enzo G. Castellari,…. Et même un certain Sergio Corbucci pour notre film du jour : Django.



Synopsis : Un homme mystérieux nommé Django, débarque dans une ville fantôme où règnent les conflits entre les sudistes fascistes et les barbares révolutionnaires mexicains. Django va-t-il rétablir l’ordre ? Ou est-il venu pour d’autres raisons ?



La première chose qu'on peut vite dire sur ce film : C’est que c'est un plagiat de Pour une poignée de dollars. Et c’est vrai. Si vous avez lu mes critiques sur La guerre du fer et Yeti le géant d’un autre monde, l’Italie est un des pays qui a produit le plus de plagiats de films à succès. Et l'on dit que les plagiats ne sont que des vulgaires copies de films cultes, qui ne sont là que pour capitaliser sur leurs succès et qu'une majorité sont mauvais ( comme les deux nanars évoqués ). Mais il peut y avoir quelques exceptions. On peut reprocher ce qu’on veut à Django, mais c’est un bon plagiat et un bon film. Et il ne faut pas oublier que le film de Leone est également un plagiat d’un chef-d'œuvre du cinéma japonais : Le garde du corps. Le plagiat s’est vite découvert, un homme mystérieux qui entre dans une petite ville, au milieu d’une guerre entre deux clans ( blancs et mexicains ) ou encore le choix du physique de l’acteur principal qui est assez proche de celui de Clint Eastwood. Le plagiat est même allé si loin que même le doublage français a fait appel à Jacques Deschamps, qui avait donné sa voie à Clint Eastwood dans la trilogie des Dollars pour faire celle de Django.



Mais en dehors de copier sur son voisin, Sergio Corbucci a réussi à proposer une version plus sombre, plus cruelle, plus sanglante et plus pessimiste du film de l’œuvre de Leone. Pour preuve la scène d’ouverture après le générique, où l'on voit une bande de mexicains fouetter une jeune métisse ( moitié blanche et moitié mexicaine ) pour la punir. Soudainement un groupe d’hommes blancs fusille les mexicains : on pourrait penser qu’ils viennent la sauver…. Sauf qu’ils viennent la punir à leur tour et à leur manière. Rien que l’intro nous met directement dans le ton, des personnages cruels et très pathétiques, qui ne vous laissent pas soupirer un petit instant , et toujours dans un joli petit bain de sang. Même le personnage de Django peut être un peu détestable à certains moments , pour ne rien vous spoiler.



Mais le personnage de Django est aussi énigmatique. On le voit au tout début, trimballer un cercueil. La seule question que vous vous posez : Qu’est ce qu’il y a là-dedans ? De la dynamite ? Des armes ? De l’or ? Un cadavre ? On a hâte de savoir . Et dès qu’il se sert de ce cercueil, on prend du plaisir !



Et si la cruauté et le mystère sont bien au rendez vous, il en va de même pour l’humour noir. Même s'il est déjà présent dans les westerns de Leone de manière plus fluide, celui de Django est plus frontal. Rien que les dialogues nous le démontrent :




De quel cimetière tu sors ?


ou encore



D’habitude les cadavres des nordistes, nous les jetons aux vautours pour les empoisonner.

Je ne croyais pas que la question raciale devait s’appliquer aux vautours.


Sans oublier la fameuse scène du coupage d’oreille qui apparemment est d'un humour noir très typiquement italien.



Les autres points qui le différencient du western de Leone, c’est que Django se rapproche un peu de la catégorie du Western Fantastique. Alors quand je dis W.F., je parle pas d’un western qui est rempli de magie ou de monstres/fantômes qui rôdent dans le monde du far west. Je parle du fantastique d’une manière métaphorique. Comme le fait que le personnage de Django à l’air d’être un mort-vivant ou un spectre qui est sorti de son cercueil pour accomplir sa mission. Ou encore, sans trop spoiler, la thématique du handicap ( qui est un peu présente dans Pour une poignée de dollars ) et qui semble être très cher à Corbucci, vu que ce thème est présent dans ses autres westerns.



Mais si Django est devenu un film populaire avec le temps, il est devenu également populaire pour son histoire avec le tournage. Car Django a eu un tournage compliqué. Si vous avez vu les bonus du DVD Wild Side, le témoignage de l’acteur Franco Nero et de l’assistant réalisateur Ruggero Deodato ( le futur réalisateur de Cannibal Holocaust ) est croustillant. On apprend qu’il y a eu des soucis avec la production espagnole ou que le scénario n’était pas prêt et qu’il était écrit au fur et mesure pendant le tournage par le frère de Sergio, Bruno Corbucci. Et quand le scénario n’est pas prêt, on improvise ! Rien que l’idée du cercueil,apparemment , vient du fait que Sergio Corbucci lisait une BD et qu'il voyait dedans un cercueil, et qu'il s'est emparé de l'idée. Et le compositeur du film, Luis Bacalov, avait des musiques à composer pour deux westerns dans la même année, Django et El Chuncho. Et comme on peut reconnaître un des morceaux ( voire plus ) dans les deux films ( Vamonos Muchachos Pt.2 pour Django et Al Tren pour El Chuncho ), on peut imaginer que Bacalov avait trop peu de temps pour composer plusieurs morceaux pour les deux films, et qu'il a mutualisé. !



Mais malgré le tournage difficile, Django a réussi à devenir culte. Et je pense que Corbucci a bien fait de plagier le film de Sergio Leone car peut être que,sans cela, le film aurait était un navet ou aurait rejoint la liste des films inachevés. Ce film restera culte pour son ambiance, ses musiques, son casting surtout pour Franco Nero qui deviendra par la suite, une des grandes stars du Western spaghetti,…. Et dites vous que si ce film n’avait jamais pu voir le jour, Tarantino n’existerait peut-être pas. Et ça serait une grande perte pour le cinéma.



Et en parlant de Tarantino, il est évident que ce film l’a beaucoup inspiré pour son Django Unchained. Même s’il a pris beaucoup de libertés, Tarantino a rendu un bel hommage en reprennent des musiques de films italiens ( ainsi que d’autres westerns ), l’intro presque identique, le caméo de Franco Nero,…. Et même avant ça, Tarantino avait déjà rendu hommage avec Reservoir Dog avec la scène du coupage d’oreille.



La popularité du film, Django a réussi à s'étendre dans le monde entier : en Italie c’est évident., en France, c’est un petit succès, mais en Allemagne et au Japon, apparemment c’est un grand succès ! Pour le premier, les distributeurs allemands ont changé les titres des westerns pour ajouter Django dedans. Pour le Japon, je crois qu’il a gagné un record au box office ( sans oublier que les japonais ont fait un film pour lui rendre hommage : Sukiyaki Western Django ). En revanche, en Angleterre le film s'est bien fait connaître là-bas mais pas pour les même raisons, vu que les britanniques n’ont aimé ni la violence ni l’humour noir de ce film…. Alors qu’on parle d’un pays qui est connu pour sa violence et son humour noir avec Sacré Graal ou Shaun of the dead. Quelle ironie !



De plus, Django avait déjà enchaîné ( sans mauvais jeu de mot ) avec des suites. Une suite ( plus ou moins ) officielle : Le grand retour de Django toujours interprété par Franco Nero. Des fausses suites où le perso est joué par d’autres acteurs comme Django prépare ton cercueil avec Terence Hill et Django le bâtard ( La horde des salopards ) avec Anthony Steffen. Ou encore des westerns italiens qui n’ont rien à voir mais dont les distributeurs français voulaient changer le titre pour mettre un Django dedans comme Avec Django, la mort est là ou Django arrive… Préparez vos cercueils.



Pour conclure, Django est une œuvre que chacun doit voir au moins une fois dans sa vie, surtout les fans de Sergio Leone, les fans de Tarantino, les fans de la série B,…. Et je vous invite à voir les autres westerns italiens et même les autres westerns de Sergio Corbucci. En tout cas, ça m'a fait plaisir de vous parler de ce film et du genre du western spaghetti.



J’espère que cette critique vous aura plu, je vous donne rendez vous pour une prochaine critique. Et ça sera encore sur une série B italienne. Et ça sera sur un film d’horreur, qui j’espère arrivera à temps pour le mois d’octobre. Je vous à bientôt et ….. Dites moi ce que vous en pensez.

Lacritic2Benji
9

Créée

le 28 sept. 2023

Critique lue 179 fois

4 j'aime

Lacritic2Benji

Écrit par

Critique lue 179 fois

4

D'autres avis sur Django

Django
B_Jérémy
7

La violence engendre la violence

Merci. De quoi ? De ce que tu as fait pour moi. Je ne l'ai pas fait pour toi. Merci quand même. Arrête de me remercier. Qui sait si j'ai bien fait. Je te remercie parce que,...

le 24 juil. 2020

61 j'aime

35

Django
Gothic
5

Django Renard contre Jamie Foxx

Lacune vieille de plusieurs décennies, je m’étais juré de voir ce "Django" version Corbucci, après m’être délecté de l’essai Tarantinesque quasi-éponyme. Si Nero arrive à incarner ce personnage...

le 30 déc. 2013

49 j'aime

14

Django
Torpenn
4

De la petite bière...

Adulé ici comme ailleurs à un niveau parfaitement incompréhensible, Django se révèle en tout cas parfaitement caractéristique du western spaghetti, les films de Leone s'apparentant de plus en plus...

le 31 janv. 2012

49 j'aime

16

Du même critique

La Nuit des morts-vivants
Lacritic2Benji
8

Romero et les zombies : La création du zombie apocalypse.

BANDE ANNONCE VOST Salut la Cie ! Et aujourd’hui on va parler du célébrissime et cultissime : La nuit des morts vivants de George A. Romero sortit en 1968. Le film qui a révolutionné le genre pour le...

le 29 oct. 2020

10 j'aime

6

Jurassic Park
Lacritic2Benji
10

"Vous n'avez pas dit le mot magique !" ( Avis rapide )

Jurassic Park ! Le film de mon enfance ! Je pense que c'est également le film qui m'a fait devenir un grand cinéphile ( j'ai toujours conservé la vieille VHS ). Comme je l'avais dit pour "La guerre...

le 4 juin 2018

10 j'aime

2

King Kong contre Godzilla
Lacritic2Benji
5

Lézard en plastique contre peluche moisie ( en trois versions )

Bande annonce Salut la Cie ! Avant la sortie du film Godzilla Vs Kong qui va "Normalement" bientôt avoir lieu ( si on est pas encore confiné, que les cinémas peuvent ouvrir à nouveau et...

le 13 déc. 2020

8 j'aime

8