Que faire face à un système entièrement voué à vous soumettre ? Peut-on collaborer avec ceux qui exterminent les gens comme soi ? Adulé par les Nazis, Django Reinhardt était "invité" à se produire à Berlin, devant le gotha de ces Allemands qui avaient édicté des règles ridicules contre la musique "dégénérée" : un solo ne devait, selon eux, pas excéder 5 secondes, et les pieds d'un musicien devaient rester collés au sol, sinon, c'était une provocation... c'en était presque drôle. Mais difficile de rire longtemps devant la bêtise crasse et la cruauté d'occupants inhumains, et le mérite de ce film, c'est de faire toucher du doigt les différents visages de l'oppression et de la lâcheté. Oppression des pauvres, des tziganes, des artistes, des femmes... les dictatures ne négligent jamais aucun domaine pour se hisser quelque temps au sommet d'une hiérarchie imaginée par elles. Dans ce contexte, les personnages de Reda Kated et Cécile de France permettent de mettre un nom sur cette folie. Mais le film ne convainc pas complètement, difficile de dire vraiment pourquoi. Les acteurs sont crédibles, le scénario, qui cible une période de la vie de Reinhardt plutôt bien choisie, raconte son histoire de façon assez maligne, les problématiques abordées sont nombreuses et fertiles... et malgré tout, la magnifique séquence finale tombe un peu à plat. Par manque de rythme ? Excès d'ambition ? Je ne sais pas, mais ce qui est certain, c'est que le film peine à se hisser au-dessus du lot et ne laisse pas d'impression vraiment forte. Malgré tout, il vaut bien une soirée devant son écran.