Django reste ce qui se faisait de mieux dans le western italien dans la catégorie "autres que Sergio Leone", Sergio Corbucci étant un réalisateur aussi doué et aussi inventif que ce dernier. On lui doit quelques perles du genre comme le Grand Silence, Navajo Joe, El Mercenario, le Spécialiste ou Companeros... où il a lui aussi comme Leone cassé les codes du western. C'est je crois son premier western, après avoir oeuvré dans le péplum, parcours habituel de tout réalisateur italien des années 60 ; on peut donc dire que ses débuts en western sont fracassants.
Ici, Corbucci impose un héros ambigu, solitaire et mystérieux, qui parle peu, mais au charisme énorme et aux yeux bleus intenses. Il trouve en Franco Nero un acteur idéal pour incarner ce personnage emblématique du western italien, devenu tellement mythique que Nero reçoit encore aujourd'hui des lettres de fans.
Le style n'est pas tellement différent de celui de Leone si on regarde bien, mais plusieurs composants se démarquent. Corbucci emploie le décorateur de Leone, Carlo Simi, le directeur de la photo Enzo Barboni (qui deviendra ensuite le réalisateur fétiche des films de Terence Hill) et l'assistant Ruggero Deodato (qui réalisera ensuite des films d'horreur) ; il ne peut s'offrir les services d'Ennio Morricone, mais la musique de Luis Bacalov reste quand même sacrément marquante et symptomatique du genre, notamment par son thème qui sera réutilisé par Tarantino.
Django est également à l'image des pistoleros solitaires incarnés par Clint Eastwood, mais sa particularité ici, c'est qu'il traine un cercueil rempli de... oh et puis non, je ne peux pas le révéler, j'ai horreur de spoiler. Toujours est-il que Corbucci imprime un style propre avec ce patelin crasseux et boueux, un ciel gris et triste, dans lequel il impose une certaine noirceur et surtout une violence brute, un sadisme évident voire même la cruauté, en jetant les bases d'un excès qui fera les gorges chaudes des détracteurs pour qui les westerns italiens seront surnommés "spaghetti".
C'est le genre de western où l'on voyait un pistolero bouffer des fayots avec une cuillère en bois (Terence Hill fera de même dans la plupart de ses westerns), gratter une allumette sur les seins d'une prostituée et surtout dézinguer des tas de mecs dans une violence baroque ; c'était tout à fait dans le style "spaghetti". On est donc loin des effets esthétiques et des constructions hiératiques et lentes de Sergio Leone, c'est moins spectaculaire aussi, mais plus austère ; Corbucci donne même une tonalité macabre, à la lisière du fantastique à cet univers. Moins obsédé que Leone par la technique, il n'en a pas moins le sens du cadrage, certains plans étant carrément superbes.
Malgré quelques petites faiblesses, une petite baisse d'intensité et quelques scènes banales, ce western qui n'a rien à voir avec le film de Tarantino qui lui a juste emprunté le nom de son héros et un thème musical, demeure un film culte.

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le 2 août 2017

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