Django Unchained par L'Ami Ricofruit
(Attention quelques spoilers sur Django Unchained, mais aussi Inglourious Basterds, vous êtes prévenus)
Hey, un nouveau Tarantino. J'en vois qui commencent à serrer leurs petits poings rageurs. Et bien que j'apprécie le cinéaste, j'ai un peu de mal à leur en vouloir. Je peux comprendre que ce cinéma très référencé, très nombriliste, à la fois amoureux et cynique, puisse agacer. À force de s'attaquer au genre sans avoir l'air de vraiment y toucher, en pissant un peu à côté de la cuvette, Tarantino prend de plus le risque de s'enfermer dans une routine un peu paradoxale, celle de vouloir prendre systématiquement le spectateur par surprise...
Hey tu veux voir une bande de juifs badass qui massacrent des nazis ? BIM prends-toi Mélanie Laurent qui fait sa connasse pendant deux heures et demie.
Dès lors, pourquoi continuer à défendre Tarantino et cracher sur ceux qui ont surfé sur le succès de Pulp Fiction ?
Hé bien déjà parce que le type sait tenir une caméra. C'est un vrai cinéaste, parfois inégal, parfois un peu trop sûr de lui, mais il possède d'indéniables qualités de filmmaker, qui manquent à ses collègues ricaneurs. Ensuite parce qu'il sait écrire des dialogues, créer une véritable tension sur schéma finalement très théâtral. Tarantino a du talent, même lorsqu'il fonctionne en service minimal.
Qu'on se rassure, Django Unchained est tout de même un peu plus un western qu'Inglourious Basterds un film de guerre. C'est sans doute la raison pour laquelle il paraît plus abouti, mieux construit, moins faiblard (cette fois pas d'acteurs français qui jouent comme des patates) mais aussi moins surprenant (Waltz est excellent mais joue à peu près la même partition que dans Inglourious, DiCaprio cabotine moins bien que Brad Pitt). Les deux films ont tout de même beaucoup en commun.
Ce sont deux revenge movies historiques qui reposent sur l'idée très casse-gueule qu'un héros de cinéma peut venger les opprimés. À la fin d'Inglourious, Mélanie Laurent se voyait transformée en figure de cinéma fantomatique, alors que son visage revanchard projeté sur un écran regardait les nazis mourir dans l'incendie qu'elle avait elle-même provoquée. À la fin de Django, Jamie Foxx parade sur son cheval comme un cow boy d'opérette, il n'est plus l'instrument de son émancipateur, le chasseur de primes allemand progressiste, il devient aussi une figure de cinéma qui détruit ses oppresseurs par le feu.
On pourra trouver ça un peu naïf mais quand on aime un minimum le cinéma, et plus particulièrement le cinéma de genre, difficile de ne pas être séduit par cette idée complètement déraisonnable.
Comme Inglourious, Django est aussi trop long, trop sûr de ses moyens, passe à côté de certains de ses personnages : Zoe Bell réduite à l'état de caméo auto-référentiel, quel dommage... Où sont les figures féminines fortes habituelles des films tarantiniens ? Mais peu importe, finalement... Django est au final un film diablement réjouissant, saignant, hilarant, émouvant. Samuel L. Jackson y est génialissime et Jamie Foxx a un très joli service trois pièces.