Je n'ai pas pu résister. Christophe Waltz l’a dit car Quentin Tarantino l’a pensé.
« Je n’ai pas pu résister à réaliser mon propre western. »
Presque toute sa filmographie transpire le western, alors pourquoi résister à mettre les deux pieds dans le plat dans cet univers ? Oui, plonger l’histoire de Django Unchained (DU), son 8ème « gros » film, était une excellente idée. Il profite de cet univers pour magnifier sa maîtrise de la photographie ainsi que la mise en scène de la violence, et il le fait d’une façon magistrale.
"Je n’ai pas pu résister à faire un remake américain d’Inglourious Basterds (IB)."
« Hein, quoi ?!» direz-vous. C’est pourtant un peu l’objectif de ce Django Unchained. Tarantino ne fait ici que remplacer le méchant nazi par le méchant esclavagiste, et le pauvre juif par le pauvre esclave noir. L’idée n’est pas mauvaise : quel plaisir on prend à voir des nazis se faire défoncer ! Je ne boude pas mon plaisir quand il s’agit des esclavagistes négriers mais ça sent un poil le réchauffé. Je comprends que les américains soient plus à même de s’identifier à DU qu’à IB, car il s’agit de leur histoire, mais de là à partir d’une même idée de base pour réaliser deux films consécutifs cela me paraît, au mieux, osé. Si j’étais de mauvaise foi je dirais même qu’il ne prend aucun risque en continuant de surfer sur la vague d’IB - qui a eu de jolies recettes – en ciblant le public américain de manière plus spécifique. Mais je ne le suis pas.
"Je n’ai pas pu résister à placer ma compil du moment dans mon film."
En atteste la présence de la musique du début de Battle Royale (le Requiem de Verdi), le film préféré de Quentin Tarantino. Encore une fois je grossis le trait mais l’impression que j’ai eu devant DU, c’est que Tarantino nous a mis un patchwork des musiques qui lui plaisent en ce moment sans trop se soucier de leur cohérence avec ce qui se passe à l’écran. Excepté certaines scènes très joliment clipesques, la plupart des morceaux arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe et auraient presque tendance à sortir le spectateur du film. Tout au moins, le choix de certains morceaux est douteux et la qualité de la BO reste très nettement en dessous de ce à quoi il nous a habitué.
"Je n’ai pas pu résister à faire revenir Christophe Waltz et Samuel Lee Jackson."
Et je l’en remercie ! La réussite de ce film tient en partie à la performance de Waltz. Ses répliques m’ont vraiment scotché (les dialogues sont hyper bien écrits, comme toujours), je suis resté accroché à ses lèvres du début à la fin. Et son jeu est toujours très juste, même dans le rôle du gentil. S.L. Jackson, quant à lui, est à la fois méconnaissable et hilarant. Je n’en dirai pas plus sur son personnage, pour ne pas spoiler, mais on sent que Tarantino s’est fait plaisir en écrivant le rôle pour son acteur fétiche.
C’est donc un pur film de Tarantino, mais un Tarantino qui en fait le minimum. La qualité made by Tarantino est tout de même présente, c’est indéniable. Comme je l’ai dit, la photographie et, de manière générale, la mise en scène sont excellentes. De ce côté-là le savoir-faire du maitre n’était plus à démontrer. Cependant le film, dans son ensemble, est moins fluide qu’à l’habitude. C’est bien la première fois que je regarde ma montre devant un Tarantino ! Les dix ou quinze dernières minutes sont, par exemple, pour moi, superflues et n’apportent pas grand-chose.
Etant un gros gros gros gros fan de Tarantino (je précise même si c’est évident, au cas où), il est très difficile pour moi d’émettre une critique sur l’un de ses films. J’ai vraiment pris mon pied en regardant ce film pourtant j’en attendais tellement, qu’au final, n’en déplaise au gros 8/10 qu’il mérite largement, ce sont peut-être les défauts qui ressortent de ces quelques lignes. Mea culpa QT. But I couldn’t resist.