Quand on apprend que Quentin Tarantino a pour projet de réaliser un western, difficile de rester calme. Le genre, auquel il avait déjà rendu hommage dans Inglourious Basterds, est l’un des préférés du réalisateur et l’idée de voir QT l’intégrer à son univers si particulier avait de quoi rendre hystérique tout amateur de quarter pounder with cheese.

Après des mois d’attente, les fans peuvent être contents, le nouveau Tarantino tient toute ses promesses. Le réalisateur revisite le western spaghetti et l’adapte à son style inimitable. Le spectateur se retrouve plongé dans l’ouest américain, 2 ans avant la guerre de Sécession, en compagnie de Django (Jamie Foxx), esclave nouvellement affranchi par le docteur Schultz (Christoph Waltz), chasseur de primes aux méthodes expéditives. Maintenant libre, Django peut aller chercher sa femme Broomhilda (Kerry Washington), esclave dans la plantation de l’un des plus puissant et violent négrier Calvin Candie, (Leonardo DiCaprio).

Si le film n’est pas le meilleur de Tarantino, il est sans doute l’un des plus jouissif. Les fans retrouveront tout ce qu’ils aiment dans l’univers de QT : une violence omniprésente, des personnages décalés, de longues phases de dialogues qui ne font en rien avancer l’histoire et une réalisation nerveuse. Mais Django Unchained confirme surtout l’évolution du ciné de Tarantino, commencée avec Inglourious Basterds, vers des scénarios plus écrits. Depuis quelques années, QT met sa réalisation au service de vraies histoires sans perdre cette folie qui le caractérise. Construit en 3 parties distinctes terminées chacune par un climax, le film se vit comme un tour en montagne russe où chaque descente permet de monter encore plus haut. Le tout s’insère dans une histoire globale passionnante, malgré quelques longueurs pardonnables sur 2h45, dans laquelle Tarantino revisite le passé esclavagiste des USA sans jamais se prendre au sérieux ni donner de leçons de morale.

Comme d’habitude, le film est également bourré de clins d’oeil tant aux vieux westerns qu’aux films de Tarantino eux-même. La scène, par exemple, où Schultz et Broomhilda parlent en allemand pour éviter qu’on les espionne, rappelle la scène d’ouverture d’Inglourious Basterds entre Hans Landa et le fermier français.

Mais le plus intéressant de Django Unchained reste la manière dont Tarantino s’approprie les codes du genre pour donner sa version du western spaghetti. Tout y est, les magnifiques paysages de l’ouest américain, le cow-boy solitaire, les longs voyages à cheval, les règlements de compte dans la rue,… Le film est un hommage continu au western, jusque dans son générique de début écrit en lettres de sang, auquel Tarantino mêle son cinéma et ses autres influences. La réalisation, calquée par moment sur celle de Sergio Leone, fait la part belle aux ralentis ou aux zooms ultra-rapide qu’affectionnent le réalisateur pour un résultat atypique mais vraiment réussi.

La bande son elle-même, toujours composée de morceaux existants, mélange les genres, passant d’Ennio Morricone au rap qui s’intègre étonnamment bien au western. QT va jusqu’à faire un mash up entre James Brown et Tupac dans une scène de fusillade rendue encore plus jubilatoire par ce mélange improbable.

Mais le talent de Tarantino c’est aussi de bien choisir ses acteurs et d’en tirer le meilleur. On retrouve ici des habitués comme Christoph Waltz, toujours impeccable mais dans un rôle peut-être trop proche de Hans Landa, ou Samuel L. Jackson, excellent en esclave noir raciste conditionné par ses maîtres pour penser comme les blancs. A eux s’ajoute de nouveaux venus, Jamie Foxx, parfait en chasseur de prime assoiffé de vengeance, Leonardo DiCaprio, épatant dans le rôle de ce négrier cruel, et Kerry Washington, plus en retrait par rapport aux 4 autres mais tout aussi convaincante.

Western aux accents tarantinesques, Django Unchained est donc une réussite qui permet à QT de continuer sur sa lancée de films plus matures. Et si Tarantino aime faire dire à ses acteurs « We love making movies », il faut bien avouer que nous, on aime toujours autant les voir.
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le 17 janv. 2013

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