Qui sème le vent récolte la tempête.
J'ai beau avoir une estime énorme envers Quentin Tarantino (le bonhomme et son "Reservoir dogs" ont donné un nom à mon étrange maladie qui me poussait à regarder des films plutôt qu'à faire mes devoirs), je trouvais, à mon humble avis, qu'il s'était enfermé, après son crépusculaire dyptique "Kill Bill", dans un unique univers de série B atrocement bavard et référenciel à vous en coller la nausée, malgré les quelques fulgurances que contenaient tout de même ses deux derniers efforts, aussi sympathiques qu'ils étaient frustrants. Abordant enfin frontalement le western, le cinéaste reste une fois de plus dans son petit monde, ne se débarasse pas de ses vilaines manies mais cette fois, m'a donné ce que je voulais voir, pas plus, pas moins.
Précédé d'une polémique complètement bidon lancée par Spike Lee, gardien de la morale devant l'éternel (le mec avait déjà cassé les roustons à l'ami Quentin à l'époque de "Jackie Brown" avant de s'attaquer à Clint Eastwood), "Django unchained" n'a plus rien à voir avec le classique de Sergio Corbucci, si ce n'est son thème musical que l'on retrouve ici avec plaisir. Tarantino écrit une histoire toute nouvelle, ayant comme toile de fond l'esclavage, nous narrant l'ascension d'un homme désormais libre mais à qui il reste encore beaucoup de choses à accomplir, parfaitement incarné par Jamie Foxx, au jeu presque enfantin.
Délaissant pour une fois les références à foisons (hormis pour la bande originale, entraînante en diable), Tarantino ne peut s'empêcher cependant d'écrire une montagne de dialogues interminables, plombant sacrément le rythme de son film (qui aurait gagné à être plus court), même s'il faut reconnaître le talent indéniable du monsieur pour la tournure de phrase, qui s'en donne ici à coeur joie. Son scénario, même si loin de la réussite d'un "Pulp Fiction" (qu'il avait co-écrit avec Roger Avary), n'en reste pas moins convenable et bien construit malgré un sacré ventre mou à mi-parcours, au moment où entre en scène un Di Caprio admirable en enflure et qui a l'air de s'amuser comme un p'tit fou.
Malgré les défauts inhérents à tout film de Tarantino désormais, "Django unchained" reste un spectacle ô combien fun et agréable, shooté à la perfection et rarement frustrant, porté par un casting royal dont on retiendra surtout la composition savoureuse de Christoph Waltz et celle, inattendue, d'un Samuel L. Jackson en Oncle Tom.
Jamais édulcoré dans sa représentation de la violence (le sang gicle à tout va et c'est pas du numérique) et plus d'une fois éprouvant (les coups de fouet font vraiment mal), s'achevant sur un bain de sang cathartique, "Django unchained" est un concentré de coolitude absolue baignant constamment dans un humour décalé propre au cinéaste, qui parvient même, chose rare, à toucher réellement lorsqu'il s'attarde sur les amours contrariées de son héros et sur sa relation complice avec son libérateur.